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La course aux investissements en haute montagne

Deux tiers des entreprises de remontées mécaniques peinent à survivre. Keystone

Les sports d'hiver doivent être plus respectueux de l'environnement. Cet appel au "fair play" a été lancé vendredi à Berne par trois associations écologistes.

Elles ont aussi critiqué l’utilisation abusive de deniers publics pour de nouveaux projets à la rentabilité “douteuse”.

Deux tiers des entreprises suisses de remontées mécaniques se débattent dans des problèmes financiers, ont rappelé aux médias le WWF Suisse, Pro Natura et la Fondation pour la protection et l’aménagement du paysage.

Or, on continue de développer les infrastructures existantes et d’en construire de nouvelles, en appliquant encore le scénario du “boom de la construction” des années 70, selon les trois organisations écologistes.

Cela implique à leurs yeux des projets ambitieux à la rentabilité douteuse, une pression politique sur les autorités compétentes, des interventions massives dans le paysage et des constructions illégales.

Des projets pour 3,5 milliards de francs

Il existe 113 projets d’extension et de développement de domaines skiables existants pour le seul espace alpin suisse, a révélé une étude mandatée par Pro Natura. La somme d’investissement est estimée à environ 3,5 milliards de francs.

Felix Maurhofer, porte-parole de Remontées mécaniques suisses, contredit ces chiffres à ses yeux «utopiques».

«La situation financière actuelle exclut de toute manière la plupart des projets, a-t-il indiqué à swissinfo. Il y a déjà une surcapacité de chemins de fer alpins et de remontées mécaniques».

Cette année, 17 demandes de concession seulement sont en suspens auprès de la fédération, et il ne s’agit que d’installations de remplacement, selon lui.

En 2003 d’ailleurs, on a construit sept installations de remplacement. Une seule est nouvelle dans le Loetschental, poursuit-il.

Abus de deniers publics

Treize nouveaux aménagements intervenus entre 1993 et 2001 ont déjà été financés à 53% par les pouvoirs publics, ont encore précisé les écologistes.

La demande touristique stagnant depuis des années, ces projets ne sont pas économiquement pertinents.

«On assiste à une véritable compétition pour éliminer la concurrence», a déclaré Rico Kessler, chef de projet à Pro Natura.

Et, à l’instar de Bourg-St-Pierre ou Saas Almagell en Valais, de nombreuses communes s’endettent ainsi.

Un point de vue que ne partage pas Felix Maurhofer. Selon lui, le Secrétariat à l’économie, l’instance qui attribue la manne fédérale, a fortement diminué les subventions depuis longtemps déjà.

Et de toute manière, les subventions doivent répondre à des critères stricts de développement durable. La rentabilité seule n’est plus un argument suffisant.

Grands tétras menacés

Une partie du plus ancien district franc d’Europe (une zone où la chasse est interdite), dans le canton de Glaris, doit ainsi être transformée en une zone de tourisme intensif.

A Lenzerheide (GL) par exemple, une piste de ski devrait remplacer 6 hectares de forêt.

Or, «cette zone abrite encore des grands tétras, une espèce très menacée», a dénoncé Andreas Waissen, chef du programme Alpes du WWF Suisse.

Les trois associations réclament donc une protection cohérente des valeurs naturelles existantes face à de nouveaux projets de construction.

Ce qui veut dire aussi, la fin du subventionnement des domaines skiables situés à moins de 1500 mètres et de l’octroi de deniers publics pour des projets de domaines skiables à la rentabilité douteuse.

swissinfo et les agences

– 113 projets d’extension et de développement de domaines skiables existent pour le seul espace alpin suisse, selon une étude mandatée par Pro Natura.

– La somme d’investissements est estimée à environ 3,5 milliards de francs.

– Il y a 586 compagnies de remontées mécaniques en Suisse.

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