Le bras de fer Nessim Gaon contre la Russie pourrait s’élargir à la Suisse
A Brest, c´est lundi que la justice française doit décider si elle lève - comme le lui a demandé vendredi le procureur - la saisie du Sedov, effectuée sur demande de la société suisse Noga. Son patron est bien décidé à ne pas faire de cadeaux à Moscou.
«J’ai aidé la Fédération de Russie à une époque où personne n’était prêt à donner un sou à ce pays», lâche Nessim Gaon, le patron de Noga, qui a obtenu la semaine passée la saisie du voilier russe Sedov, le plus grand quatre-mâts du monde, venu prendre part aux festivités de Brest 2000.
Mais l’homme d’affaires genevois, qui avait déjà, en mai dernier, fait bloquer les comptes bancaires de l’ambassade de Russie à Paris, compte maintenant s’en prendre aux avoirs de l’ex-URSS en Suisse et aux Etats-Unis.
«La Russie n’a jamais soulevé l’incompétence du tribunal arbitral de Stockholm qui nous a donné raison en 1997. Alors, pourquoi ne paye-t-elle pas? Le pays serait-il en cessation de paiement?», interroge Marc Bonnant, l’un des avocats de Nessim Gaon.
En 1991, le patron de Noga passait un accord de troc avec la Russie d’une valeur de 1,5 milliard de dollars, proposant de l’alimentation pour le bétail, des produits vétérinaires et des pesticides contre du pétrole. Un an plus tard, Moscou coupait les ponts, laissant à Nessim Gaon une ardoise de plusieurs centaines de millions de dollars. En février 1997, le tribunal de Stockholm a donné partiellement gain de cause à Nessim Gaon.
La Compagnie Noga d’Importation et d’Exportation envisage dorénavant de faire saisir les biens – et notamment les comptes en banque – des dignitaires russes dans le monde entier. «Nous pourrions par exemple récupérer les montres des ambassadeurs russes à l’ONU», jette le ténor du barreau genevois.
Et pourquoi ne pas piocher dans les fonds déjà bloqués à Genève dans le cadre des multiples affaires russes de blanchiment et de détournement de deniers publics?
Cette lutte est d’autant plus acharnée que Nessim Gaon considère que la Fédération de Russie, en ne tenant pas ses engagements, a failli provoquer la chute de la Compagnie Noga. En ajournement de faillite depuis 1994, cette société de trading n’a été sauvée qu’à l’arraché en décembre 1998.
Ian Hamel
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