Le gouvernement exclut de baisser la taxe sur les carburants
Malgré la hausse du prix de l´essence, le Conseil fédéral n´envisage pas de baisser les taxes qui frappent les carburants. A l´issue de sa réunion hebdomadaire du mercredi, le gouvernement a en effet estimé que la hausse est encore «supportable».
Depuis septembre 1999, l’essence sans plomb a augmenté en Suisse de 17,4 pour cent, l’essence diesel de 19,4 pour cent et l’huile de chauffage de 109,4 pour cent. Mais pour le gouvernement, ces hausses n’affectent pas l’économie de façon significative. Et pour le consommateur, «elles sont certes douloureuses, mais supportables», a déclaré Achille Casanova, porte-parole du gouvernement.
Le Conseil fédéral constate en effet que la charge fiscale suisse est plus modeste que dans de nombreux pays de l’Union européenne. L’essence sans plomb et l’huile de chauffage y sont donc moins chères. Seul le diesel atteint un niveau plus élevé que la moyenne européenne.
Par ailleurs, les prix réels de l’énergie sont moins élevés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient lors du premier choc pétrolier de 1973. En 1998, le prix de l’essence, compte tenu de l’inflation, était 26 pour cent moins cher qu’en 1973. Si l’on tient compte de l’inflation cumulée des 20 dernières années (55 pour cent), le litre d’essence devrait coûter aujourd’hui 2,06 francs.
Une baisse des taxes se traduirait par un gros manque à gagner pour la Confédération. Ainsi, pour l’essence, une réduction de moitié de la surtaxe prélevée sur les carburants diminuerait les rentrées d’un milliard. Conséquence: le réseau des routes nationales ne serait pas achevé comme prévu en 2015, mais en 2025.
Enfin, une baisse des taxes serait un mauvais signe politique, au moment même où le peuple doit se prononcer en votation sur des objets destinés à encourager le développement des énergies renouvelables.
Du côté de l’Association suisse des transports routiers (ASTAG), c’est bien sûr la déception. L’organisation faîtière des camionneurs avait en effet demandé au gouvernement une baisse des impôts sur les carburants.
Les entreprises de transports routiers souffrent des dernières hausses. Pour être rentables, elles devraient payer le litre de diesel 1,24 franc. Or, il est actuellement de 1,56 franc, explique Beat Keiser, porte-parole de l’ASTAG.
Pour survivre, les routiers devront donc revoir leurs prix à la hausse. Mais pas question de bloquer les routes ou les dépôts de carburants comme en France ou en Angleterre. L’ASTAG entend continuer à agir uniquement de façon légale, assure Beat Keiser.
Olivier Pauchard
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