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Les subventions agricoles encore trop élevées

Malgré les subventions, huit exploitations disparaissent chaque jour en Suisse. swissinfo/L. Schäublin

L'Organisation de coopération et de développement économiques critique le soutien trop conséquent accordé par la Suisse à ses producteurs et qui distord les échanges sur le marché.

En pourcentage de la valeur des recettes agricoles brutes, la Suisse est, après la Norvège et l’Islande, le pays qui subventionne le plus ses agriculteurs.

Tout en saluant les efforts de réforme, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que des progrès sont encore nécessaires pour réduire la protection des marchés et les distorsions aux échanges.

Dans son rapport consacré aux politiques agricoles de ses pays membres, publié cette année à Genève, l’OCDE constate un recul significatif de la part du soutien des prix du marché en Suisse.

«Toutefois, les mesures créatrices de distorsions de la production et des échanges représentent encore plus de la moitié du soutien», regrettent les experts.

Ces derniers critiquent aussi le fait que, parmi les paiements budgétaires, une part relativement faible répond aux préoccupations des consommateurs, comme le bien-être des animaux, la protection de l’environnement et l’agriculture biologique.

La Suisse au 3e rang

En pourcentage de la valeur des recettes agricoles brutes, la Suisse est, après la Norvège et l’Islande, le pays qui subventionne le plus ses producteurs.

Son soutien a atteint 66% pour la période 2004-2006, plus du double de la moyenne des pays de l’OCDE, contre 34% pour les 25 pays de l’Union européenne (UE), 14% pour les Etats-Unis, 5% en Australie.

La Corée du Sud et le Japon suivent la Suisse. La baisse en Suisse est de 12% par rapport à il y a 20 ans, «une évolution bienvenue», affirme l’OCDE, mais insuffisante en comparaison des autres pays. Le soutien total à l’agriculture représente encore 1,6% du Produit intérieur brut (PIB) helvétique.

Il y a 20 ans, les prix moyens à la production et à la consommation à la sortie de l’exploitation étaient en Suisse presque cinq fois plus élevés que les prix mondiaux. L’an dernier, ils étaient encore plus de deux fois plus élevés.

Les produits qui bénéficient des soutiens les plus importants sont la viande de volaille, les œufs et le sucre.

L’OCDE note comme principale évolution ces deux dernières années l’élimination progressive du régime de quotas laitiers. En revanche, soulignent les experts, aucun changement significatif n’est intervenu dans la structure et le niveau des paiements directs généraux et des paiements directs écologiques.

Négociations de l’OMC

De manière générale, l’OCDE regrette que l’impasse dans les négociations de Doha à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) laisse largement inchangées les politiques de soutien à l’agriculture dans les pays industrialisés.

«Un progrès dans les négociations commerciales multilatérales fournirait une incitation supplémentaire à la poursuite de la réforme des politiques agricoles», souligne Stefan Tangermann, directeur de la division commerce et agriculture à l’OCDE.

En 2006, le soutien accordé aux producteurs dans les 36 pays de l’OCDE a atteint 268 milliards de dollars, soit 27% des recettes agricoles, équivalent à 1,1% du PIB des pays de l’OCDE (contre 2,5% il y a 20 ans). Il a baissé de deux points en pourcentage entre 2005 et 2006.

En 2006, l’UE a consacré 138 milliards de dollars à ses paysans, les Etats-Unis 30 milliards. En proportion du revenu des agriculteurs, les Coréens sont les plus subventionnés (63%), devant les Japonais (53%), les Européens (32%) et les Américains (11%).

Le «découplage» entre les aides et les niveaux de production s’est poursuivi au sein de l’OCDE. Les subventions liées à un niveau de production, celles qui faussent le plus les échanges mondiaux, représentent désormais 63% du total contre 86% il y a 20 ans, note le rapport, qui lance un appel à poursuivre les réformes.

swissinfo et les agences

L’OCDE réunit 30 Etats membres dans un cadre qui leur donne la possibilité de discuter, de revoir et d’améliorer leur politique économique, des finances, de l’éducation, scientifique, sociale, de l’environnement et de développement.

Dans le contexte de la globalisation, l’OCDE permet aux gouvernements d’échanger des informations et expériences et de s’efforcer de trouver ensemble des solutions à des problèmes similaires. Une très grande importance est attachée à une meilleure coordination et cohérence en matière de politique économique nationale et internationale.

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