Les Suisses consomment plus et pas à crédit

Jamais, depuis trente ans, les Suisses n´ont été aussi optimistes sur l´avenir de leur économie. Ils consomment davantage. Ce qui ne les empêche pas de rester prudents. Ils ne dépensent que l´argent qu´ils ont.

Dans l’esprit de la majorité des Suisses, la crise des années 90 ne semble plus être qu’un mauvais souvenir. On peut s’en convaincre en découvrant l’indice trimestriel du climat de consommation, publié jeudi par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

Cet indice est construit sur un échantillon représentatif de 1100 ménages et prend en compte leur appréciation de trois facteurs: la situation économique générale des douze derniers mois, la situation budgétaire du ménage des douze derniers mois et celle prévisible des douze mois à venir.

La hausse de 55 points du premier de ces indicateurs montre que les Suisses n’ont jamais été aussi optimistes quant à la marche de l’économie du pays depuis 1972, date des premières enquêtes sur le climat de consommation. Sur leur propre situation, ils sont en revanche un peu plus réservés qu’au dernier trimestre, mais restent malgré tout globalement très optimistes.

Ces chiffres subjectifs – qui portent sur l’appréciation que les gens ont de leur situation – sont nettement confirmés par les chiffres objectifs. Toujours selon le SECO, la consommation privée des ménages a augmenté de 2,7 pour cent dans les trois premiers mois de l’année.

De quoi se demander où les Suisses prennent l’argent qu’ils dépensent, puisque – selon les chiffres fournis cette fois par l’Office fédéral de la statistique – les salaires nominaux n’ont augmenté que de 0,3 pour cent l’an dernier.

«Ces chiffres ne disent pas tout», nuance Daniel Blösch, de l’Institut d’études conjoncturelles (KOF) de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. «En réalité, le pouvoir d’achat global a augmenté grâce aux chômeurs qui ont retrouvé du travail et aux personnes qui sont passées dans une catégorie de salaire supérieure».

Malgré cela, et même en plein optimisme, le Suisse moyen ne dépense en général pas plus que ce qu’il a. Une tendance confirmée par Daniel Blösch: ni le crédit à la consommation ni les contrats de leasing n’ont connu d’augmentation spectaculaire.

D’ailleurs, l’enquête du SECO comporte également une question sur l’épargne et les réponses montrent que l’euphorie ambiante n’empêche pas les gens de continuer à alimenter leur bas de laine. Autre résultat encourageant: pour la première fois en dix ans, les Suisses jugent à nouveau très bonnes les perspectives de garder leur emploi.

Jusqu’où cette confiance retrouvée pourra-t-elle aller? Sans se risquer à des prévisions, Daniel Blösch pense que cet excellent climat de consommation n’est pas près de redescendre vers la morosité des années passées, même si les indicateurs montrent que la croissance risque de ralentir un peu d’ici à la fin de l’année.

Marc-André Miserez