Mais les banquiers privés suisses restent sur le gril
L'UBS et le Crédit Suisse ont certes accepté l'accord global sur les fonds juifs en déshérence ratifié par le juge américain Korman. Mais les autres établissements bancaires suisses, qui n'ont pas négocié le compromis, se sentent pris entre deux feux.
C’est donc vendredi qu’arrivait à échéance le délai fixé par le juge américain Edward Korman pour que les banques suisses lui transmettent leur position définitive sur l’accord global qu’il leur a soumis le 27 juillet.
L’UBS et le Credit Suisse ont confirmé qu’elles y souscrivaient, y compris au second amendement secret censé régler plusieurs points litigieux. En clair, plus rien ne devrait désormais faire obstacle à la distribution du 1,25 milliard de dollars sur lequel porte cet accord final.
Pourtant cette affaire, qui aura mis la Suisse en émoi pendant plusieurs années, n’a peut-être pas encore trouvé son épilogue. Lorsque, fin juillet, le juge Korman a donné publiquement son feu vert à l’accord passé en 1998 déjà entre les deux grandes banques suisses, les organisations juives et les plaignants américains, il s’est fendu d’une très sévère mise en garde aux autres banques du pays, cantonales et privées. A l’entendre, les établissements bancaires qui refuseraient d’appliquer les modalités concrètes de cet accord prendraient du même coup le risque de devoir faire face à de nouvelles plaintes collectives.
On devine la surprise, l’amertume, l’indignation même des milieux directement concernés. D’abord parce que ni les banques cantonales ni surtout les banquiers privés (qui eux pourraient pâtir de représailles dans leurs activités outre-Atlantique) n’ont été consultés. Ils n’ont pas non plus participé à la négociation de l’accord.
Ensuite parce qu’ils estiment avoir fait preuve jusqu’ici de beaucoup de bonne volonté dans les différents audits auxquels ils se sont soumis, même si ce n’était pas toujours de gaieté de cœur. Aujourd’hui, nombre d’entre eux, individuellement, n’hésitent pas à dire qu’on les a trompés.
Le temps est pour le moment à la concertation. Le Groupement des banquiers privés genevois, très concerné par les menaces à peine dissimulées du juge américain, n’a pas encore de position officielle clairement arrêtée, mais cela ne devrait tarder.
Le mercredi 16 août, à Zurich, l’Association suisse des banquiers réunira en tout cas toutes les banques concernées pour une journée d’information sur les conséquences que devraient ou pourraient avoir pour elles ce fameux accord global. On saura peut-être alors comment elles pensent résoudre le dilemme qui leur est posé .
Bernard Weissbrodt
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