Musique sur le web: Audiosoft tisse sa toile
Audiosoft, une PME genevoise, entend devenir le numéro un mondial de la gestion des droits d’auteurs pour la musique sur l’Internet. Un marché qui pourrait peser 4 milliards en 2004.
Audiosoft, une PME genevoise, entend devenir le numéro un mondial de la gestion des droits d’auteurs pour la musique sur l’Internet. Un marché qui pourrait peser 4 milliards en 2004.
Née en 1996, Audiosoft concentre aujourd’hui ses activités dans le domaine de la gestion des droits d’auteurs. Cette PME réunit tous les attributs des «start-up», autrement dit des nouvelles entreprises à forte croissance. Depuis sa création, elle a su séduire la société de capital-risque genevoise Geninvest, mais également des investisseurs aussi sérieux que Daniel Borel, président de Logitech ou, dans un tout autre registre, le musicien Phil Collins.
Phénomène rare pour une PME suisse qui ne compte aujourd’hui qu’une trentaine d’employés à Genève et trois aux Etats-Unis: Audiosoft a déjà obtenu 22 millions de dollars de la part de ses investisseurs. Des sommes englouties dans la recherche. Les bilans de la société, eux, s’inscrivent toujours dans les chiffres rouges.
Mais qu’est-ce qui fait courir les investisseurs? Les juteuses perspectives d’un marché encore embryonnaire: celui du commerce de la musique sur l’Internet. Alors que dans un premier temps l’industrie du disque a mis les pieds au mur, terrorisée par le piratage, elle s’apprête maintenant à commercialiser une partie de son catalogue musical sur la toile. Et les spécialistes estiment que 10 à 15 pour cent de la musique achetée en 2010 sera téléchargée sur le Net.
Bien sûr, cette démarche est conditionnée par la mise au point d’un vaste système de sécurité, tant technologique que juridique. Audiosoft compte précisément faire la synthèse entre ces deux sphères.
Son savoir-faire lui permet de dépister et de localiser géographiquement les téléchargements de musique et de définir, pour chaque utilisation, les législations en vigueur en matière de droits d’auteurs. Ces informations peuvent ensuite être transmises aux sociétés chargées de la gestion de ces droits. Une démarche d’autant plus importante que chaque pays a sa propre législation en la matière. Exemple: pour un disque vendu, un auteur touche deux fois plus de droits en Europe qu’aux Etats-Unis.
Reste que la commercialisation de la musique sur la toile dépend aussi et surtout de la sécurité technologique. Il faut impérativement verrouiller les systèmes pour éviter le piratage. Des domaines occupés par des géants américains tels que Microsoft, Liquid Audio ou Intertrust, qui élaborent activement des logiciels appelés à devenir des standards internationaux de sécurisation.
Pour réaliser ses ambitions, Audiosoft doit donc imposer son système de gestion auprès de ces mastodontes et, pour ce faire, multiplier les partenariats. Une collaboration avec la société américaine Réciprocal, spécialisée dans le commerce électronique a notamment permis à Audiosoft de se glisser, dans la plate-forme du géant Intertrust. Ce dernier assurera la sécurisation du catalogue des maisons de disques Universal et BMG qui fera son entrée sur la toile dès septembre.
Ce créneau devrait connaître une croissance exponentielle: les spécialistes estiment en effet que le téléchargement de musique sur le Net devrait représenter 30 millions de dollars en 2002 et déjà 4 milliards en 2004. La guerre commerciale ne fait donc que commencer. Et si, pour l’heure, Audiosoft ne connaît pas encore de concurrents dans la gestion des droits d’auteurs, elle devra rapidement convaincre les fabricants de logiciels et les «majors» pour imposer son savoir-faire et conserver sa place de pionnier.
Vanda Janka
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