Nouveau rapport anti-tabac: la victoire par une hausse des taxes
L'OMS lance un nouveau pavé: selon une étude menée avec la Banque mondiale, augmenter les impôts indirects serait un moyen de faire reculer la consommation de cigarettes. En Suisse, c´est aussi l´un des objectifs.
Les conclusions des chercheurs des deux organisations sont claires et concrètes: une majoration des taxes qui se traduirait par une hausse de 10 pour cent du prix des cigarettes inciterait une bonne quarantaine de millions d’accrocs du tabac à cesser de fumer. Du coup, on pourrait ainsi éviter que beaucoup d’entre eux ne meurent pour cause de tabagisme, surtout dans les pays à faibles revenus.
Quand on sait que près d’un tiers des quelque 335 milliards de cigarettes exportées chaque année le sont illégalement, une augmentation des taxes ne serait-elle, à l’inverse, pas une incitation indirecte à la contrebande? Evidemment, répondent les chercheurs, qui renvoient aussitôt la balle aux Etats. C’est à eux de faire respecter la loi et d’en prendre les moyens, comme les timbres-taxes, les numéros de séries et autres systèmes de repérage.
L’idée d’imposer plus fortement les produits de tabac figure en tout cas et en toutes lettres dans le projet de programme 2001-2005 de l’Office fédéral de la santé publique. On peut y lire que c’est «la mesure unique qui a l’effet préventif le plus marqué à court terme», que son effet sur la baisse de la consommation est «prononcé et rapide» et qu’une telle mesure est «facile à mettre en place tout en étant financièrement bénéficiaire pour l’État».
L’an dernier, l’administration fédérale avait commandé à l’Université de Lausanne une étude sur les relations entre la consommation du tabac et sa taxation. Dans ses conclusions, le professeur Alberto Holly, qui dirigeait la recherche, mettait toutefois en évidence que le taux d’imposition pratiqué en Suisse était insuffisant et qu’il ne satisfaisait pas aux conditions en vigueur dans l’Union européenne. Mais un alignement sur les critères européens supposerait au préalable une révision de la législation suisse en la matière.
Quant à savoir comment l’Etat utiliserait les bénéfices financiers supplémentaires qu’il pourrait retirer d’une augmentation des taxes anti-tabac, le professeur Holly suggère notamment trois pistes qui faciliteraient aussi l’adhésion de l’opinion publique: affecter les revenus de cet impôt soit à la baisse des charges sociales afin d’accroître l’emploi et l’activité économique, soit à l’amélioration de l’information sur les risques liés à la cigarette, soit encore à des programmes destinés à aider ceux qui veulent en finir avec leur consommation de tabac.
Bernard Weissbrodt
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