Pas de «diktat» de SAirGroup chez Sabena
Invité au Club Suisse de la Presse, Paul Reutlinger répond à ceux qui prétendent que les Suisses font la pluie et le beau temps chez Sabena. Pour le PDG suisse de la compagnie aérienne belge, c’est à Bruxelles que les décision importantes sont prises.
Invité au Club Suisse de la Presse, Paul Reutlinger répond à ceux qui prétendent que les Suisses font la pluie et le beau temps chez Sabena. Pour le PDG suisse de la compagnie aérienne belge, c’est à Bruxelles que les décision importantes sont prises.
Paul Reutlinger (photo) est un manager heureux. D’abord, parce que son passage à la tête de Sabena depuis 1995 représente pour lui une expérience humaine intéressante. Jamais, dit-il, on ne lui a fait sentir à Bruxelles qu’il était étranger. Ensuite, parce que, sur le plan professionnel, cela lui donne, une fois encore, l’occasion de vérifier l’influence de l’histoire et de la culture politique locales sur le style de conduite des entreprises. Enfin, parce que depuis qu’il occupe cette fonction, Sabena se porte mieux.
Depuis quatre ans, explique-t-il, la compagnie belge connaît la paix sociale et n’a pas vécu un seul jour de grève. Elle a créé un millier de places de travail supplémentaires. Elle a développé son réseau au point de desservir, aujourd’hui, plus de 80 destinations européennes, sans parler d’une trentaine d’autres intercontinentales, y compris vers l’Asie, qu’elle avait eu jadis tendance à délaisser.
Le mariage de Sabena avec Swissair s’est donc révélé largement bénéfique. Mais, certains laissent entendre que, dans ce ménage-là, les Suisses porteraient la culotte et que les Belges n’auraient qu’à suivre les ordres venus de Zurich. Sabena n’aurait-elle donc plus de belge que le nom? Rien de plus faux, répond Paul Reutlinger: «dans ce partenariat 50-50, la politique commerciale, le marketing et les produits, tout cela se décide à Bruxelles».
L’État belge, avec 50 et demi pour cent de participation, est toujours l’actionnaire principal de Sabena. Et, selon Paul Reutlinger, si la compagnie belge se retrouve à l’avenir avec un actionnariat en majorité suisse, le holding de Swissair, même d’un point de vue égoïste, tirera tout bénéfice à défendre les intérêts d’un point stratégique comme Bruxelles. Voilà, en tout cas, un sujet dont on peut penser qu’il figure à l’ordre du jour des négociations actuellement en cours.
Mais cet avenir-là dépend évidemment de la conclusion des accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne. Si le scrutin populaire du 21 mai est positif, Swissair pourra entreprendre de nouveaux développements sans que Sabena ne perde son statut de compagnie européenne. Cela appellera davantage de collaborations que Paul Reutlinger imagine sous une forme «fédéraliste», avec encore et toujours deux centres de décision, Zurich et Bruxelles, où Belges et «Sabéniens» auront évidemment leur mot à dire. En cas de refus des bilatérales, la seule issue pour Swissair serait alors de reconduire la collaboration telle qu’elle existe depuis 1995.
Autre critique lancée au PDG suisse de Sabena: sa compagnie se garderait le monopole sur l’axe Bruxelles-Genève. «Faux, cette ligne est ouverte à qui le veut, mais aucune autre compagnie n’en a voulu; ce n’est donc pas de notre faute», répond Paul Reutlinger qui reconnaît cependant volontiers qu’il est souvent difficile de pénétrer sur un marché desservi avec beaucoup de fréquences par une ou deux compagnies.
Bernard Weissbrodt
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.