Quel rôle pour Swiss?
Que ferait Swiss dans la constellation actuelle des alliances?
Oneworld relativise fortement son besoin de hub en Europe occidentale, souvent avancé par Swiss pour expliquer sa préférence «naturelle» pour Oneworld.
Lorsque Iberia est entrée dans Oneworld, elle a renoncé à ses vols en Asie pour se concentrer sur l’Amérique latine, ce qui correspondait davantage aux besoins de British Airways (BA).
Swiss est-elle appelée à faire pareil «sacrifice»? La restructuration en cours va déjà dans cette direction.
Annoncée dès le lancement de la compagnie, l’adhésion à Oneworld n’est cependant pas la seule option.
Pour le rédacteur en chef d’Interavia Pierre Condom, la seule solution raisonnable serait même un rapprochement avec Lufthansa: «Je ne vois pas ce que BA aurait à gagner avec Swiss, à part vouloir gêner Lufthansa.»
«Dans Oneworld, poursuit Pierre Condom, Swiss ne deviendrait qu’une troupe supplétive de plus pour BA. En outre, culturellement, les modes de fonctionnement sont totalement différents.»
Un hub occidental?
Contre-arguments: Oneworld n’a toujours pas de hub en Europe occidentale puisque KLM, un temps intéressée, semble aujourd’hui préférer Air France et SkyTeam. Mais Oneworld elle-même refroidit les attentes suisses – ou du moins zurichoises:
«Nous avons déjà Londres, Madrid, Barcelone et Helsinki, dont l’importance va croissant comme plate-forme vers l’Asie, explique le porte-parole Michael Blunt. Pouvoir disposer d’un aéroport en Europe de l’Ouest serait bien, mais cela va aussi sans.»
«Quant à une adhésion, nous n’avons pas changé de position, poursuit le porte-parole. Nous serons heureux d’inviter Swiss quand elle aura conclu des accords bilatéraux avec tous nos membres. Il manque LanChile et BA. La première n’étant pas concernée par le trafic européen, Swiss peut s’en passer. Mais pas British Airways.»
Des barrières psychologiques
Reste qu’entre Allemands et Suisses, les barrières psychologiques sont nombreuses: «Du temps de Swissair, le conseil d’administration a discuté d’une alliance avec les Allemands à trois reprises, sur proposition de conseillers romands, rappelle Pierre Condom. Trois fois, les Zurichois ont refusé!»
Victimes potentielles en cas de rapprochement avec Lufthansa: l’aéroport de Kloten, trop proche de Munich, et le programme de prix cassés en Europe qui vient d’être lancé: Lufthansa ne serait intéressée que par Swiss en tant que compagnie haut de gamme.
swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich
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