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Swiss Re perd un milliard, Buffett à la rescousse

Warren Buffett est déjà actionnaire de Swiss Re depuis l'an dernier. Keystone

Le premier réassureur mondial a perdu près d'un milliard de francs en 2008. Décidé à se recapitaliser à hauteur de cinq milliards, Swiss Re en recevra trois du magnat américain Warren Buffett, dont la part au capital grimpera ainsi à 20%.

Swiss Re annonce mercredi qu’il va lever au total cinq milliards de francs suisses pour faire face à une perte nette anticipée d’un milliard sur 2008, en raison notamment de dépréciations d’actifs dans ses produits financiers.

«Nous sommes déçus par nos résultats en 2008, mais notre coeur de métier – l’assurance dommage et l’assurance vie et santé – se porte bien», assure le directeur général Jacques Aigrain, cité dans le communiqué.

«Nous avons pris des mesures afin de protéger notre niveau de capital […] et nous continuons de gérer nos activités d’une manière disciplinée et conservatrice», ajoute-t-il.

Alerte

Alors que le groupe ne devait publier ses chiffres annuels que le 19 février, Swiss Re a donc choisi de lancer une alerte sur ses résultats («profit warning»).

Swiss Re a procédé à quelque six milliards de francs suisses de dépréciations d’actifs, dont deux milliards liés au portefeuille de contrats assurant le risque de crédit (SCDS), un produit qui s’est révélé hautement «toxique» dans la crise financière.

Plus de 20% à Buffett

Pour maintenir son niveau de notation financière, actuellement à «AA», le réassureur va lever au moins trois milliards auprès du groupe Berkshire Hathaway de Warren Buffett.

Au-delà de cette première recapitalisation, le groupe pourrait lever deux milliards supplémentaires, pour retrouver «un niveau solide de capitaux», comme annoncé dans le communiqué.

«L’engagement de Warren Buffett d’investir dans Swiss Re est la preuve de la solidité de notre activité», se félicite Jacques Aigrain.

Buffet, qui avait déjà pris en janvier 2008 environ 3% du capital de Swiss Re, détiendra ainsi «plus de 20%» du réassureur au terme de l’augmentation de capital, a précisé le directeur financier George Quinn, lors d’une conférence de presse téléphonique.

Milliardaire prudent et philanthrope

Considéré comme l’homme le plus riche du monde, Warren Buffett (78 ans) est notamment l’actionnaire principal des géants Coca Cola et Procter & Gamble (hygiène et cosmétique).

A l’opposé des jongleurs de la finance dont la crise récente a mis les pratiques en lumière, il est un investisseur «à l’ancienne», plus intéressé dans le développement à long terme des entreprises auxquelles il participe qu’au profit immédiat.

Warren Buffett se contente d’un salaire de 100’000 dollars par année et a déjà fait don de plus de 80% de sa fortune (soit près de 40 milliards de dollars) à la fondation de charité de son ami Bill Gates.

Des mesures significatives

Le renforcement de sa participation à Swiss Re ne suffit pas pour autant à assurer l’avenir du groupe, qui annonce également des «mesures significatives» pour restructurer ses activités financières.

Swiss Re va ainsi dissoudre ses activités «marchés financiers» et se focaliser sur la gestion d’actifs. Il va également créer une unité, nommée Legacy Unit, chargée de gérer des produits que le groupe ne proposera plus, comme les SCDS.

Enfin, Swiss Re qui va diminuer son dividende, prévoit une hausse de 6% des volumes de primes, les clients cherchant une protection accrue face à l’érosion de leurs capitaux.

Sous surveillance

Malgré la perte d’un milliard de francs l’an passé, Swiss Re satisfait toujours aux exigences minimales en matière de solvabilité de l’Autorité de surveillance des marchés financiers (FINMA).

Cette perte est néanmoins «très regrettable», estime Alain Bichsel, porte-parole de la FINMA. L’autorité de surveillance suit la situation avec attention.

Dès l’annonce de la perte et du besoin de recapitalisation de Swiss Re, la Bourse suisse a réagi négativement. A l’ouverture, le cours de l’action a cédé 7,2% à 28 francs, puis a continué de plonger, pour atteindre 21.70 francs en fin de séance, soit 28,1% de moins qu’à la clôture la veille.

swissinfo et les agences

La réassurance consiste à assurer les assureurs. Swiss Re assure ainsi d’autres compagnies d’assurance contre des risques élevés, tels des catastrophes naturelles.

Swiss Re est née en 1863 suite au grand incendie de la ville de Glaris. Elle a son siège à Zurich. Elle est numéro un mondial du secteur, avec un chiffre d’affaires de plus de 40 milliards de francs et près de 12’000 collaborateurs dans plus de 30 pays.

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