Unique part en vrille

La société qui gère l'aéroport de Zurich affiche des chiffres rouges. Et se retrouve avec une infrastructure surdimensionnée.
La nouvelle ne surprendra personne: Unique, l’entreprise qui gère l’aéroport de Zurich, a souffert l’année passée. Elle enregistre une perte de 36 millions de francs, pour un chiffre d’affaires pourtant en progression de presque 3% (538 millions).
2001, il est vrai, fut l’année de la crise. Pour l’ensemble du transport aérien, suite aux attaques terroristes contre les Etats-Unis. Et pour la Suisse en particulier, avec l’effondrement du groupe Swissair et l’immobilisation, ce fameux 2 octobre 2001, de toute la flotte à croix-blanche.
Un automne noir, donc. «Sur les trois premiers trimestres de l’année, nous sommes restés dans le cadre des résultats que nous attendions, avec un bénéfice de près de 63 millions», explique Josef Felder, le directeur-général de Unique.
Une ardoise de 42 millions
Ce sont les trois derniers mois de l’année qui ont tout fait chavirer, avec une perte de 100 millions. L’ardoise laissée par le groupe Swissair, aujourd’hui en voie de liquidation, s’élève à plus de 42 millions. Le trafic, lui, a reculé, pour la première fois depuis dix ans.
Un vrai trou d’air. Le nombre total de passagers a chuté de plus de 7% (tout juste 21 millions). En retrait, également, le nombre de mouvements d’avions (moins 5%, avec une moyenne de 847 atterrissages et décollages par jour), ainsi que le fret transporté (presque moins 10%).
Ce recul historique du trafic intervient à un très mauvais moment. D’autant que l’aéroport s’agrandit. Un projet jumbo, pesant plus de deux milliards de francs, qui est sur le point d’être terminé.
Ainsi, le «Dock Midfield», une nouvelle aérogare située entre deux pistes, sera prêt en novembre. Il restera pourtant vide, pour l’instant. Un investissement de 600 millions, mais trop cher à faire fonctionner dans les conditions actuelles.
Unique s’attend cette année à une nouvelle baisse – de 7 à 12% – du nombre de passagers, qui pourrait ainsi revenir au niveau de 1997.
Un développement positif
Une erreur de stratégie? Non, répond la direction de l’aéroport, qui défend du même coup la décision de terminer l’énorme chantier. «A moyen terme, le développement du marché des aéroports, sur le plan mondial, est positif», avance Josef Felder. Par ailleurs, les travaux sont trop avancés pour faire marche arrière.
Comme si cela ne suffisait pas, 2001 a vu émerger un autre gros souci pour Unique: l’accord aérien signé par Berne et Berlin. L’aéroport continue à s’opposer à ce texte, qu’il considère discriminatoire. C’est au Parlement que reviendra le dernier mot. Il devrait se prononcer ces prochains mois.
Le défi SWISS
Dans ce tableau relativement sombre, l’activité internationale de Unique est peut-être un peu plus encourageante. L’entreprise zurichoise est toujours en bonne position pour décrocher un contrat de conseil et de gestion pour l’aéroport de Bangalore, dans le sud de l’Inde. Elle a également mis le pied au Chili.
Mais le grand défi 2002 s’appelle évidemment SWISS, la nouvelle compagnie aérienne nationale qui aura Kloten pour plaque-tournante. Comme le souligne Sonja Zöchling, porte-parole de Unique: «Nous espérons qu’elle aura du succès, car nous dépendons fortement de cette nouvelle compagnie.»
swissinfo/Pierre Gobet, Zurich

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