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Grandes lignes: le président du SEV redoute un trafic fragmenté

Le président du SEV Giorgio Tuti a vivement critiqué l'Office fédéral des transports (OFT) pour sa "politique de libéralisation" du trafic ferroviaire. SEV sda-ats

(Keystone-ATS) Les CFF, le BLS et la Südostbahn doivent s’entendre pour éviter une fragmentation du trafic grandes lignes avec le renouvellement des concessions. Le président du SEV Giorgio Tuti a lancé cet appel mardi en ouverture du congrès du syndicat du personnel des transports.

“Si ces concessions sont fragmentées, le jeu de la concurrence voulu par l’Office fédéral des transports (OFT) deviendra alors réalité”, a déclaré M. Tuti, cité dans un communiqué. “Cette concurrence n’est pas la nôtre et on en paiera le prix”, a-t-il assuré à l’intention du personnel des transports. Il a pointé la présidente de la Confédération Doris Leuthard, “qui est derrière cette politique”.

Actuellement, les CFF exploitent seuls les lignes ferroviaires longue distance, soit les Intercity et les correspondances Eurocity, Interregio et Regioexpress. La majorité de ces concessions expire en décembre 2017. Elles doivent être réattribuées par l’OFT.

Faute d’accord avec l’ex-régie fédérale, la compagnie BLS a annoncé en avril qu’elle élaborera une demande de concession qui sera déposée d’ici au mois de septembre. Elle se porte candidate à trois lignes longue distance reliant le Valais et l’Oberland bernois à l’aéroport de Zurich et à Bâle.

La compagnie Südostbahn (SOB) a également été associée à ces tractations. Elle s’intéresse à exploiter la ligne de faîte du Gothard. En Suisse orientale, elle veut reprendre le Rheintal-Express des CFF entre Coire et Wil (SG).

Lignes de bus aussi

“La libéralisation voulue par l’OFT est en marche”, a affirmé le président du SEV. Et de relever que l’entreprise zurichoise de voyages en bus Domo Reisen fait de son côté des tests pour exploiter des lignes de bus longue distance. “Ce ne sont pas n’importe quelles lignes qui sont testées, mais bien les plus rentables.”

Domo Reisen a déposé en janvier trois demandes auprès de l’OFT: pour une liaison entre l’est et l’ouest, ainsi qu’une autre entre Bâle et le Valais, puis le Tessin. “Est-il acceptable de concurrencer les milliards votés par le peuple avec le projet de financement et d’aménagement de l’infrastructure ferroviaire (FAIF)?”, a questionné M. Tuti.

Personnel en danger

Les CFF ont émis des réticences quant au partage de la concession. Si une autre compagnie exploitait des lignes longue distance à ses côtés, plus de 1000 collaborateurs de l’ex-régie devraient travailler pour une autre entreprise ferroviaire. Or les sociétés BLS et SOB ont d’autres conventions collectives de travail. Un changement aurait aussi des conséquences sur les caisses de pension.

Les usagers seraient également perdants. Selon les estimations des CFF, les coûts globaux du système augmenteraient de 20, voire de 30 millions de francs par an. Il faudrait acheter du matériel roulant supplémentaire, replanifier le trafic ferroviaire et certains collaborateurs devraient changer d’employeur. Ces coûts devraient être couverts par les clients, la Confédération et les cantons.

L’OFT attribue la concession pour dix ans généralement. Les exploitants sont tenus de respecter les directives: une offre minimale de liaisons, les arrêts, le personnel d’accompagnement, les services de restauration. Si certaines lignes ne devaient plus être exclusivement exploitées par les CFF, une période de transition jusqu’à un changement d’horaire ultérieur pourrait être demandée.

Le congrès du SEV se poursuit mercredi, avec notamment une action surprise “contre la politique de l’OFT”.

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