Des perspectives suisses en 10 langues

Ecoles: la religion entre ouverture et tradition

Une méthode qui cherche à «préparer les jeunes à vivre la pluralité religieuse de demain». Editions Enbiro

Depuis la rentrée, les élèves romands disposent d’une nouvelle méthode d’enseignement de la religion. Ou plus précisément de la science des religions.

Car toute la différence est là. Il ne s’agit plus de transmettre une foi, mais des connaissances.

Les deux premiers volumes de la collection «à la découverte des religions» ont déjà été publiés. Le premier propose la découverte de récits bibliques et d’autres traditions religieuses. Le second s’intéresse aux personnages fondateurs des diverses religions.

Deux autres volumes suivront. Ils traiteront notamment de sujets en prise avec l’actualité. Lorsqu’elle sera complète, la collection servira presque tout au long de la scolarité obligatoire, pour des enfants de 7 à 13 ans.

Exit le catéchisme

Cette méthode a été élaborée par les éditions ENBIRO (Enseignement Biblique et Interreligieux Romand), en étroite collaboration avec les Directions de l’instruction publique (DIP) des différents cantons romands.

Disons-le tout net: cette méthode n’a plus rien à voir avec le catéchisme de papa. Il ne s’agit plus de transmettre une foi aux élèves, mais des connaissances sur les différentes religions.

Bref, la même différence que l’on retrouve à l’université entre théologie et sciences des religions.

«La mission de l’école publique diffère fondamentalement de celle des Eglises et des institutions religieuses, explique Sabine Girardet, l’une des trois co-responsables de l’édition de la méthode. L’école n’a pas pour charge de dire aux enfants ce qu’il faut croire, mais d’expliquer ce que d’autres croient.»

Le défi de l’ouverture

Le but de la méthode est double. D’une part, il s’agit de bien expliquer la tradition judéo-chrétienne. «Notre pays est marqué par le christianisme depuis de nombreux siècles. Il s’agit de donner aux élèves les outils pour décoder cet environnement», explique Sabine Girardet.

Mais, d’autre part, l’enseignement ne peut pas être uniquement axé sur la Bible et le christianisme.

«Ce serait faire fi des autres croyances présentes dans un pays comme le nôtre, relève Sabine Girardet. Il faut s’adapter à la société dans laquelle nous vivons et relever le défi de l’ouverture.»

Dans les deux premiers volumes, cette volonté d’ouverture s’exprime par des explications données sur trois autres grandes religions: l’islam, le bouddhisme et le judaïsme.

D’autres mouvements religieux, comme l’hindouisme par exemple, seront traités dans les deux prochains volumes.

Mais quelle que soit la religion abordée, les auteurs ont toujours veillé à garder une certaine distance avec un souci constant de mettre en perspective ce qui est dit.

«Il faut ainsi préciser que, pour les chrétiens, Jésus est le fils de Dieu et que, pour les musulmans, le Coran constitue la révélation ultime», souligne Sabine Girardet.

Une approche interdisciplinaire

L’autre grande originalité de la méthode vient de l’approche interdisciplinaire de la religion. Il est clair qu’aborder une religion, c’est étudier son contexte et parler d’histoire et de géographie.

Mais d’autres branches sont également concernées, comme l’histoire de l’art, la musique ou encore les sciences. En effet, comment parler de l’Islam des premiers siècles sans penser au remarquable rayonnement des scientifiques arabes ou de la foi chrétienne au Moyen-Age sans parler de l’architecture des cathédrales?

Le matériel pédagogique se présente sous forme de fiches. Pour l’heure, il a été distribué aux élèves des écoles primaires des cantons de Vaud, du Valais, du Jura et de Fribourg. Le canton de Berne les introduira lors de la rentrée 2004-2005.

L’exception genevoise

Seul le canton de Genève fait cavalier seul. «Cela tient à des raisons historiques, explique Sabine Girardet. Ce canton a une longue tradition de séparation de l’enseignement et de la religion.»

Comme en France, il y a cependant des discussions pour y introduire des cours de religions. En effet, beaucoup d’élèves ont de graves lacunes. «On a de plus en plus à faire à des élèves qui sont des analphabètes religieux», juge Sabine Girardet.

Or connaître les religions est important pour mieux comprendre le monde et l’actualité. Le thème de l’enseignement des religions à l’école est donc un débat qui a lieu dans toute l’Europe. «C’est un sujet qui évolue», conclut Sabine Girardet.

swissinfo, Olivier Pauchard

Les religions en Suisse en 2000 :

Catholiques romains: 41,8%

Eglise évangélique réformée: 33%

Evangéliques et autres protestants: 2,2%

Juifs: 0,2%

Catholiques-chrétiens: 0,2%

Musulmans: 4,3%

Orthodoxes: 1,8%

Bouddhistes: 0,3%

Hindouistes: 0,4%

Sans religion déclarée: 11,1%

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision