L’Indonésie rejette les appels à stopper les exécutions imminentes
(Keystone-ATS) L’Indonésie a rejeté jeudi les appels de l’ONU et de l’UE à renoncer à l’exécution de 14 condamnés à mort pour trafic de drogue, dont des étrangers. Un diplomate et un avocat ont indiqué que les exécutions auraient lieu dans la nuit.
Les condamnés, incluant des ressortissants du Nigeria, du Zimbabwe, du Pakistan et d’Inde, ainsi que des Indonésiens, ont été placés à l’isolement à Nusakambangan (sud), « l’Alcatraz indonésien », un complexe pénitentiaire sur une petite île dans le centre de Java. Les exécutions s’y déroulent habituellement peu après minuit (19h00).
Les autorités ont accéléré les préparatifs et des ambulances transportant des cercueils ont été vues en route vers Nusakambangan jeudi. Des membres de familles de condamnés ont déclaré avoir été informées que les exécutions auraient lieu dans la nuit, selon un diplomate et un avocat.
Le parquet général à Jakarta, chargé des exécutions, n’a pu être contacté dans l’immédiat. Les autorités indonésiennes ont jusqu’ici refusé de révéler la date de l’exécution, ainsi que l’identité et la nationalité des condamnés.
Application de la loi
Le Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Zeid Ra’ad Al Hussein avait appelé mercredi l’Indonésie à renoncer au recours « injuste » à la peine de mort. Une demande prolongée jeudi par les rapporteurs spéciaux sur les exécutions extrajudiciaires Christof Heyns, sur la torture Juan Mendez et sur l’indépendance de la justice Monica Pinto. Ils souhaitent un nouveau procès qui respecte les standards internationaux.
Auparavant, l’Union européenne avait également demandé à Jakarta d’abandonner la peine capitale, « une sanction cruelle inhumaine qui n’est pas dissuasive et représente un inacceptable déni de la dignité et de l’intégrité humaines ».
Mais le porte-parole du ministère indonésien des Affaires étrangères, Arrmanatha Nasir, a défendu jeudi les exécutions. Il a souligné qu’il s’agissait d’une « pure application de la législation » dans ce pays d’Asie du Sud-Est.
L’exécution en avril 2015 de huit hommes – deux Australiens, un Brésilien, quatre Nigérians et un Indonésien – condamnés à la peine capitale pour trafic de drogue dans des affaires distinctes, avait provoqué de vives critiques internationales, l’Australie allant jusqu’à rappeler temporairement son ambassadeur.
Parmi les autres étrangers dans le couloir de la mort en Indonésie figurent le Français Serge Atlaoui et la Philippine Mary Jane Veloso, condamnés pour trafic de drogue et tous deux retirés de la liste lors de la dernière série d’exécutions l’an passé.