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L’onde de choc de l’essai atomique nord-coréen

L'essai nucléaire de la Corée du Nord fait la Une des quotidiens helvétiques. swissinfo.ch

L'essai nucléaire effectué lundi par la Corée du Nord fait les gros titres la presse suisse qui condamne unanimement le régime dictatorial de Pyongyang.

Les avis des commentateurs divergent toutefois sur les conséquences de ce test pour la Corée, la région, voire le monde.

«Qui arrêtera l’effrayant chantage nucléaire de la Corée du Nord?», s’interroge Le Temps en Une de son édition de mardi.

Dans son éditorial intitulé «Le suicide de Kim», le commentateur du quotidien romand estime cependant que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il «tyran paranoïaque et bouffon à ses heures (…) a pourtant tiré sa dernière cartouche».

«Le chantage nucléaire, qui était une logique de survie pour un régime stalinien en faillite depuis bientôt quinze ans, a atteint sa dernière limite, écrit-il. A moins de se lancer dans une guerre – un dérapage que l’on ne peut exclure.»

Pour le Temps, cet essai nucléaire envoie un signal néfaste vers les futurs apprentis sorciers, l’Iran en tête.

«Le Régime des mollahs va suivre de très près la gestion internationale de la crise nucléaire nord-coréenne, surenchérit son confrère de la Tribune de Genève. C’est un précédent qui intéresse au plus haut point la République islamique. Il sera difficile de refuser à Téhéran ce que l’on aura admis ou toléré de Pyongyang.»

«Tête de l’ONU et tête nucléaire»

Le Corriere del Ticino s’interroge sur le rôle de la Chine dans cette crise. «Le véritable et unique point de levier réside dans la capacité de médiation que voudra bien endosser la Chine, écrit-il. Car la Chine est l’interlocuteur le plus proche de Pyongyang, son allié historique et son principal sauveur qui lui fournit nourriture et pétrole.»

La Liberté, quant à elle, relève plutôt la «gifle» de Pyongyang à son grand frère chinois: «La Chine a perdu la face diplomatique au moment où son pays frère a fait exploser sa bombe nucléaire. Et dire qu’on la croyait sous sa coupe. La Chine va devoir résister aux pressions des Etats-Unis.»

Le quotidien fribourgeois tire le parallèle entre la nomination du nouveau secrétaire général de l’ONU sud-coréen Ban Ki-moon et l’essai nord-coréen.

«Au Sud la tête de l’ONU, au Nord la tête nucléaire, ironise le commentateur. Trêve de cynisme, cette coïncidence symbolise les contradictions inextricable que connaissent aujourd’hui la zone Asie, et plus largement les mécanisme de sécurité internationaux.»

Pour 24Heures, c’est la boîte de Pandore qui est ouverte avec cette entrée par effraction de Pyongyang dans le club atomique.

Le Continent de l’atome

De l’autre côté de la Sarine, Le Tages Anzeiger estime que Kim Jong-Il, ‘fétichiste des lunettes’ et dictateur brutal, est allé jusqu’au bout en ne tenant pas compte des avertissements et en montrant au monde que son régime pouvait développer l’arme atomique.

«Le système international de contrôle des armes a subi un dur coup», observe le quotidien zurichois qui estime paradoxalement cette démonstration de la Corée du Nord va la protéger d’une attaque militaire américaine.

«Qu’y a-t-il de plus horripilant, la politique du chantage menée par Pyongyang ou l’impuissance dont fait preuve le reste du monde?», s’interroge de son côté la Neue Zürcher Zeitung.

Pour le quotidien des bords de la Limmat, le fait qu’un dictateur ingérable s’adonne à de petits jeux atomiques dangereux ne contribue en rien à la tranquillité de la planète.

«L’Asie devient le continent de l’atome», surenchérit le Bund de Berne. Selon lui: «Le Japon, la Corée du Sud et peut-être même Taïwan commenceront peut-être bientôt à développer l’arme nucléaire si la dictature de Pyongyang n’est pas stoppée rapidement».

Reste que si tout le monde est d’accord sur la nécessité de réagir vite et de manière très ferme à cette nouvelle provocation de la Corée du Nord, personne n’est en mesure de proposer de solutions.

swissinfo, Mathias Froidevaux

Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et le Japon se réunissent mardi matin pour discuter de la réponse du Conseil à l’essai nucléaire nord- coréen. Un projet de résolution américain en treize points est à l’ordre du jour.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a déjà précisé que si le Conseil de sécurité des Nations Unies décidait d’imposer des sanctions contraignantes contre la Corée du Nord, la Suisse les soutiendra.

2002
La Corée du Nord expulse de son territoire les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)

2003
Pyongyang se retire du Traité de non-prolifération (TNP)

2004
Echec des négociations à six (Chine, les deux Corée, Etats-Unis, Japon, Russie)

2006
5 juillet: Tir d’essai d’un missile longue portée (Taepong-dog 2) susceptible d’atteindre les USA

15 juillet: Sanctions du Conseil de sécurité

9 octobre: Premier essai nucléaire qui fait de la Corée du Nord la huitième puissance nucléaire de la planète (Sept Etats possèdent officiellement la bombe atomique : Les USA, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, l’Inde et le Pakistan. Israël n’a jamais confirmé être en possession de l’arme atomique mais les experts estiment que l’Etat hébreu en dispose).

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