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L’opposante birmane Aung San Suu Kyi conclut une visite en Chine

(Keystone-ATS) L’opposante birmane et lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi a conclu dimanche une visite historique en Chine à l’invitation du Parti communiste chinois (PCC). Elle marque un tournant dans les relations entre Pékin et la Birmanie.

La prix Nobel de la paix 1991 a été reçue par le Premier ministre Li Keqiang et a rencontré jeudi dans l’enceinte solennelle du Palais du peuple le président Xi Jinping, chef de la deuxième puissance mondiale.

Ces entrevues équivalent à un adoubement et à une nouvelle consécration internationale pour la dirigeante de l’opposition birmane, selon les analystes.

La Chine populaire a apporté en effet un soutien quasi constant à la junte militaire sous laquelle l’opposante birmane, qui aura 70 ans le 19 juin, a passé quelque 20 ans en prison ou en résidence surveillée.

LND favori des législatives

Mais son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), est donné désormais comme le grand favori des élections législatives prévues en novembre.

“J’espère que vous et votre (parti) Ligue nationale pour la démocratie allez continuer de jouer un rôle constructif et à guider activement le peuple birman”, lui a dit le dirigeant chinois.

L’audience accordée par Xi Jinping est également un signal fort adressé aux élites issues du régime militaire en Birmanie qui s’opposent à la modification d’une clause de la Constitution empêchant Aun San Suu Kyi – du fait qu’elle a été mariée à un étranger – de se présenter à l’élection présidentielle.

Offensive diplomatique américaine

Visiblement soucieuse de préserver l’avenir, la direction chinoise s’inquiète aussi de l’offensive diplomatique américaine en Asie du sud-est. Celle-ci vise en particulier à faire rentrer la Birmanie dans le giron de Washington.

Depuis la fin du régime militaire en 2011, les relations de la Chine avec la Birmanie achoppent sur des problèmes commerciaux – l’ouverture aux capitaux occidentaux a mis fin à un quasi-monopole des investissements chinois – et des tensions à la frontière, liées aux conflits entre le gouvernement central birman et les minorités ethniques du pays.

Presse étrangère tenue à l’écart

La presse étrangère a été tenue à l’écart de la visite d’Aung San Suu Kyi mais des photos ont été publiées sur l’internet montrant la Birmane en compagnie de M. Xi et d’autres responsables du régime, sur la Grande muraille ou s’exerçant à la calligraphie. Mme Suu Kyi s’est également rendue à Shanghaï et dans la province du Yunnan, frontalière de la Birmanie.

Elle s’est entretenue avec le secrétaire du Parti communiste local, Liu Jiheng, sur le développement économique de la province qui pourrait servir de modèle à la Birmanie, selon les médias.

Les invitations d’opposants, et tout particulièrement à ce niveau, sont rarissimes en Chine. Pékin craint traditionnellement d’écorner par là un dogme de sa diplomatie, la “non-ingérence dans les affaires intérieures” d’autres pays.

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