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L’UE prête à sanctionner le président bélarusse Loukachenko

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko ne figurait pas jusqu'ici parmi les 40 personnes frappées par des sanctions (archives). KEYSTONE/EPA/MAXIM GUCHEK / BELTA POOL / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) L’Union européenne a annoncé lundi être prête a sanctionner le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko. Cette décision est intervenue au lendemain d’une nouvelle journée de manifestations durement réprimées par le régime.

“Conformément à l’approche progressive adoptée, l’UE est prête à prendre d’autres mesures restrictives, notamment contre des entités et des fonctionnaires de haut rang, dont Alexandre Loukachenko”, a précisé le Conseil de l’UE dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères au Luxembourg.

Les sanctions consistent en “une interdiction de voyager et un gel des avoirs, à l’encontre des personnes responsables de la fraude à l’élection présidentielle et de la violente répression contre des manifestations pacifiques”, précise le texte de la décision approuvée à l’unanimité.

Un peu plus tôt, deux sources diplomatiques avaient indiqué à l’AFP qu'”un accord politique a été trouvé pour élargir la liste des sanctions avec l’ajout du président Loukachenko”. “Des membres de la famille du président et des juges seront également sanctionnés”, avaient-elles ajouté.

Aucune objection

Aucune objection n’a été émise pour élargir la liste des sanctions au président du Bélarus. La décision doit encore être finalisée et publiée au Journal officiel de l’UE pour entrer en vigueur. “Le travail sur la liste additionnelle a été lancé aujourd’hui”, a-t-on précisé de source diplomatique.

A son arrivée à Luxembourg, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas avait réclamé l’adoption de nouvelles mesures. “Rien ne s’est amélioré au Bélarus. La violence du régime de Loukachenko et l’arrestation de manifestants pacifiques se poursuivent. J’ai suggéré que nous lancions un nouveau paquet de sanctions et que Loukachenko fasse partie des personnes sanctionnées”, avait-il dit.

L’UE a déjà sanctionné 40 responsables du régime, dont le ministre de l’intérieur et son adjoint, accusés d’être impliqués dans la répression et le truquage de l’élection présidentielle du 9 août dont l’UE ne reconnaît pas le résultat.

Engager un dialogue

Le président du Bélarus n’y figurait pas encore afin de le contraindre à accepter une médiation de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et à engager des discussions avec l’opposition pour organiser une nouvelle présidentielle.

Plusieurs pays de l’UE ont par ailleurs rappelé leurs ambassadeurs à Minsk pour consultations en signe de solidarité avec la Pologne et la Lituanie, contraintes par Minsk de réduire le nombre de leurs diplomates en poste à Minsk.

L’UE veut “coordonner son action” de protestation, “mais cherche également à maintenir un lien avec la société civile, victime de la répression”, a-t-on expliqué de source diplomatique.

L’UE veut “coordonner son action” de protestation, “mais cherche également à maintenir un lien avec la société civile, victime de la répression”, a-t-on expliqué de source diplomatique.

Empoisonnement de Navalny

Les ministres se sont également entendus pour sanctionner la Russie pour l’empoisonnement de l’opposant Alexeï Navalny, ont indiqué trois sources diplomatiques à l’AFP. Il y a un accord politique pour lancer le travail de finalisation sur la base des propositions de la France et de l’Allemagne, ont-elles précisé. “L’idée est d’aller vite”, a expliqué un des diplomates.

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé qu’Alexeï Navalny a bien été empoisonné par un agent neurotoxique du groupe Novitchok, une substance conçue par des spécialistes soviétiques à des fins militaires.

La France et l’Allemagne ont proposé à leurs partenaires d’accepter d’inscrire plusieurs personnes et une entreprise russe où est fabriqué le Novitchok, dont l’utilisation est interdite, sur la liste européennes des sanctions créées pour l’utilisation d’armes chimiques.

Cette liste compte déjà 8 noms et un centre de recherche en Syrie. Les sanctions européennes prévoient une interdiction de visa et le gel des avoirs dans l’UE, ainsi que l’interdiction de bénéficier de financements européens.

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