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La chaîne publique russe RT s’est lancée lundi soir en français

La chaîne publique russe RT (ex-Russia Today) a pris pied en France en 2015 avec un site internet en français (archives). KEYSTONE/EPA/MAXIM SHIPENKOV sda-ats

(Keystone-ATS) Le groupe de télévision public russe RT a lancé lundi sa chaîne en français en se donnant quelques mois pour prouver au monde francophone son indépendance. Cette chaîne est considérée par Washington comme un organe de propagande pro-Kremlin.

RT France a émis ses premiers journaux en français à partir de 19h00 sur le câble, le satellite et sur son site internet. RT (ex-Russia Today) a pris pied dans le pays en 2015 avec un site internet dans la langue de Molière et s’y montre très active sur YouTube où ses vidéos, doublées ou sous-titrées, totalisent parfois des centaines de milliers de visionnages.

Avec un budget de départ de 20 millions d’euros, RT France est l’un des plus ambitieux projets du groupe russe. Outre Paris, RT possède notamment des bureaux à Londres, Washington, Tel Aviv et Moscou. Elle émet en anglais, espagnol, arabe et bientôt français.

La chaîne basée à Paris, qui emploie 80 journalistes, tentera désormais de se placer sur le marché hautement compétitif en France de l’information en continu. Et cela, sous la loupe du Conseil supérieur de l’audiovisuel français (CSA), dont le président Olivier Schrameck n’a pas caché sa méfiance.

Sous l’oeil du CSA

M. Schrameck a prévenu que le CSA observerait “constamment” les programmes de cette future chaîne et agirait avec “promptitude” en cas d'”anomalies”. RT est régulièrement au coeur d’escarmouches diplomatiques entre Moscou et les pays occidentaux, dont les relations se sont dégradées depuis la crise en Ukraine et l’annexion en mars 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée.

La chaîne se veut un contrepoids aux médias “mainstream” accusés d’avoir un biais pro-occidental. Ses détracteurs lui reprochent de se faire l’écho de théories conspirationnistes et de donner la parole à des personnalités d’extrême droite ou se revendiquant “anti-establishment” qui fustigent la corruption et l’hypocrisie occidentales.

Aux États-Unis, RT et Sputnik sont accusées de relayer la propagande du Kremlin et soupçonnés d’avoir tenté d’influer sur la présidentielle de 2016. La chaîne a dû se soumettre aux exigences de Washington et s’enregistrer en tant qu'”agent de l’étranger”. En réaction, Moscou a classé à son tour plusieurs médias américains sous le même statut.

La présidente de RT France, Xenia Fedorova, s’insurge contre les accusations: “Nous ne venons pas en France avec l’intention de diffuser des informations fausses ou partiales”, déclarait-elle récemment. “RT va apporter quelque chose de nouveau et rafraîchissant. Notre slogan est: Osez questionner”, a ajouté Mme Fedorova.

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