Des perspectives suisses en 10 langues

La croissance du Japon dopée par la consommation au 2e trimestre

Le Japon, 3e économie mondiale, a affiché une croissance plus forte prévu au deuxième trimestre, grâce notamment au dynamisme de la consommation des ménages (archives). KEYSTONE/EPA/FRANCK ROBICHON sda-ats

(Keystone-ATS) Le Japon, troisième économie mondiale, a affiché une croissance plus forte prévu au deuxième trimestre, grâce notamment au dynamisme de la consommation des ménages, selon des données préliminaires publiées vendredi par le gouvernement.

Le produit intérieur brut (PIB) a gagné 0,4% sur trois mois, alors que les économistes sondés par le quotidien économique Nikkei tablaient en moyenne sur à peine 0,1%.

En rythme annualisé, c’est-à-dire si la croissance du deuxième trimestre se maintenait ainsi durant un an, PIB nippon a grimpé de 1,8%.

La consommation des ménages a été robuste (+0,6%). Elle a profité ce printemps d’un coup de pouce exceptionnel: la série habituelle de jours fériés de mai au Japon a été rallongée pour fêter l’arrivée sur le trône du nouvel empereur Naruhito, ce qui a encouragé les emplettes, selon les économistes.

Les achats de biens de consommation durables ont aussi été soutenus par la perspective de l’entrée en vigueur d’une hausse de la TVA dans le pays, qui va passer à 10% à compter du 1er octobre 2019 contre 8% jusqu’à présent.

Cette tendance devrait “être observée encore plus nettement sur le trimestre de juillet à septembre”, avant de subir au dernier trimestre le contre-coup de cette augmentation de taxe sur la consommation, a déclaré à l’AFP Yuichiro Nagai, économiste chez Mizuho Securities.

La dernière fois que le gouvernement japonais avait augmenté la TVA, en 2014, la consommation des ménages avait chuté et avait fait retomber le pays en récession.

Le spectre sino-américain

Compte tenu du contexte actuel de guerre commerciale sino-américaine, des incertitudes sur la conjoncture mondiale et des effets redoutés du Brexit, nombre d’économistes jugent le moment mal choisi pour cette hausse de TVA.

Par ailleurs, les frictions entre le Japon et la Corée du Sud, qui se sont infligés des restrictions réciproques d’exportation de produits sensibles, pourraient également peser sur la croissance nippone au second semestre.

Mais ces décisions touchant des matériaux, composants et appareils divers devraient avoir un effet “limité” en raison du poids réduit des exportations japonaises concernées pour le moment, a estimé dans une note Naoya Oshikubo, économiste chez Sumitomo Mitsui Trust Asset Management.

Au total, le PIB du Japon pourrait ainsi légèrement reculer au dernier trimestre, mais les perspectives sont en réalité étroitement dépendantes de l’évolution des rapports entre Washington et Pékin, selon les économistes.

Car le Japon subit indirectement les effets de ce conflit, les entreprises nippones étant d’importants fournisseurs d’équipements industriels et de composants pour les firmes chinoises qui assemblent de nombreux produits destinés au marché américain.

En outre, les consommateurs japonais ont un moral fragile et sont sensibles à toutes les nouvelles indiquant un risque de détérioration de l’activité des groupes japonais: ils ont alors tendance à freiner leurs dépenses.

En juillet, le Fonds monétaire international (FMI) avait légèrement abaissé sa prévision de croissance pour le Japon en 2019, désormais attendue par l’institution à +0,9% contre +1% précédemment.

Les investissements des entreprises (hors foncier) ont aussi nettement soutenu la croissance japonaise au deuxième trimestre, en augmentant de 1,5% sur la période.

S’ils ont été peu dynamiques dans certains secteurs comme les équipements industriels, pénalisés par le conflit commercial entre Washington et Pékin, “les investissements dans les logiciels, la recherche-développement et le BTP ont été bons”, a relevé M. Nagai de Mizuho Securities.

Les échanges commerciaux ont pesé négativement sur le PIB, en raison d’une hausse des importations (+1,6%), alors que les exportations se sont légèrement repliées de 0,1% sur la période.

La croissance économique du pays au premier trimestre a par ailleurs été légèrement révisée vendredi à la hausse, à +0,7% contre +0,6% précédemment, après déjà un premier relèvement en juin.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision