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La Suisse a désormais sa place aux Nations Unies

La délégation suisse, conduite par Kaspar Villiger, se dirige vers sa nouvelle place à l'Assemblée générale. Keystone

La Confédération helvétique, l'une des plus vieilles démocraties du monde, est devenue mardi à New York le 190e membre de l'ONU.

L’entrée de la Suisse dans l’organisation mondiale s’est faite sous les acclamations unanimes de son Assemblée générale.

Kaspar Villiger, président de la Confédération, à qui revenait l’honneur du premier discours officiel en tant que nouvel État membre, n’a pas caché que ce 10 septembre 2002 représentait l’un des moments les plus importants de sa vie.

Mais, par-dessus tout, disait-il avant même le début de la session décisive, «je suis fier que c’est le peuple suisse qui a voté pour rejoindre les Nations Unies».

Dans la délégation suisse, on insiste visiblement sur le fait que la Suisse, quand bien même elle est le dernier pays ou presque à rejoindre l’ONU, est tout de même le premier à l’avoir décidé par voie de démocratie directe.

De son côté, le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, lui non plus ne cachait pas une certaine fierté: «la famille des nations est maintenant au complet».

Un nouvel instrument de politique étrangère

«Faire partie de l’institution politique de l’ONU est un pas important, disait le président Villiger en conférence de presse, mais cela ne changera pas notre politique étrangère, cela va juste nous en fournir un nouvel instrument.»

Jusqu’à la votation populaire du mois de mars, les Suisses avaient toujours rejeté l’adhésion à l’ONU. Ils estimaient que leur pays était un cas à part. Et que leur neutralité serait minée par les compromis qu’il leur faudrait faire à l’ONU.

Pour Kaspar Villiger, la Suisse restera de toutes façons un «cas spécial» à cause de son système de démocratie directe. De plus, insiste-t-il, il est clairement admis qu’elle adhère à l’ONU en tant que pays neutre et qu’elle entend bien le rester.

Mais, explique-t-il, le peuple suisse a aussi compris que cette neutralité ne le mettait pas à l’abri de certains événements mondiaux.

«Nous ne sommes pas une île, dit le président, quand il y avait la guerre dans les Balkans ou au Sri Lanka, des réfugiés sont venus chez nous.

Si d’autres pays émettent trop de dioxyde de carbone, nos glaciers fondent. Après le 11 septembre, la Bourse suisse a été touchée. Bref, nous avons intérêt à rester unis au reste du monde.»

Valeur ajoutée

En conférence de presse, Joseph Deiss, ministre des Affaires étrangères, dit lui aussi sa satisfaction. Après trois ans de campagne, le gouvernement suisse a finalement atteint l’objectif qu’il s’était fixé.

«C’est un jour important pour notre pays, dit-il, il fournit un nouvel instrument à la conduite de notre politique extérieure.»

La Suisse, poursuit-il, peut apporter une valeur ajoutée dans des domaines où elle a une expertise particulière comme les droits de l’homme et le développement durable.

Adoptée par acclamations

A New York, Kaspar Villiger et Joseph Deiss emmenaient une délégation forte de quelque 80 personnes, représentants du Parlement fédéral, des gouvernements cantonaux, du secteur privé et de la société civile, à l’image du large soutien apporté à la campagne gouvernementale pour l’adhésion.

C’est la France, proche voisin et membre permanent du Conseil de sécurité, qui a introduit la résolution proposant l’admission de la Suisse au sein de l’organisation mondiale.

Une fois cette résolution adoptée par acclamations, la délégation suisse s’est vue escortée de son siège d’observateur qu’elle occupait depuis des décennies vers sa nouvelle place dans l’Assemblée entre la Suède et la Syrie.

Un peu plus tard, à l’extérieur de la Maison de verre de Manhattan, devait se dérouler une brève cérémonie pour la levée des couleurs suisses aux côtés des drapeaux des 189 autres pays membres.

Sourdine aux célébrations

Si la satisfaction et la bonne humeur sont de mise au sein de la délégation suisse, la fête a toutefois été quelque peu mise en sourdine en raison des préparatifs de la commémoration des attentats contre le World Trade Center.

Les autorités suisses étaient en contact permanent avec leurs hôtes de manière à s’assurer que les événements qu’ils prévoyaient n’iraient pas à l’encontre des sensibilités qui s’exprimaient autour de la commémoration du 11 septembre 2001.

Mais New York a fait un geste qui n’est pas passé inaperçu à l’égard du nouveau membre de l’ONU: le célèbre Empire State Building, qui depuis une année est illuminé aux couleurs américaines, était lundi tout illuminé aux rouge et blanc de la Suisse.

A noter encore, pour la petite histoire, qu’il est de coutume pour un nouveau membre de laisser un cadeau souvenir à l’ONU.

La Suisse a donc décidé de rénover le salon où les chefs d’État ont l’habitude, tout en fignolant leurs discours, d’attendre leur tour avant de prendre la parole devant l’Assemblée générale.

Dans deux semaines, un autre pays, le Timor oriental, deviendra le 191e État membre de l’ONU. Après quoi le Vatican sera le seul État reconnu à demeurer en hors de l’organisation mondiale.

swissinfo avec Rita Emch et Roy Probert à New York

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