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La Suisse ne sera pas un pays de transit, dit Mme Sommaruga

Simonetta Sommaruga en pleine discussion avec des journalistes jeudi à Berne. Elle s'est notamment exprimée sur la situation à Côme, où des réfugiés refoulés par la Suisse sont en attente. KEYSTONE/MANUEL LOPEZ sda-ats

(Keystone-ATS) La ministre de la justice Simonetta Sommaruga s’est exprimée jeudi sur la situation à Côme en Italie, où de nombreux réfugiés refoulés par la Suisse sont en attente. “C’est dur à supporter”. Mais la Suisse ne deviendra pas un pays de transit, a-t-elle assuré.

“De telles situations ne devraient plus avoir cours en Europe”, a-t-elle dit lors de sa traditionnelle rencontre d’été avec les médias à Berne. Plus de 500 réfugiés attendent à Côme.

Cependant, la plupart de ces réfugiés ne veulent pas obtenir l’asile en Suisse, mais poursuivre leur route vers l’Europe du Nord et l’Allemagne, a assuré Mme Sommaruga.

Et la Suisse ne souhaite pas devenir un pays de transit pour ces réfugiés, a-t-elle clairement indiqué. Notamment pour des questions de sécurité: on doit pouvoir enregistrer toute personne entrant en Suisse, surtout dans le contexte actuel.

Italie plus fiable

L’Italie est devenue un partenaire plus fiable dans le système Dublin, cela joue aussi un rôle, a estimé la conseillère fédérale. Elle enregistre plus de réfugiés qu’auparavant, ce qui a pour conséquence que la Suisse en refoule aussi plus. Ces personnes le savent et ne déposent pas de demande en Suisse.

La situation n’a toutefois pas changé, a rappelé la socialiste. Toute personne déposant une demande auprès de la Suisse sera admise dans la procédure d’asile.

Pas de stratégie européenne

Mais la situation à Côme révèle aussi que l’Europe n’a toujours pas de stratégie convaincante pour faire face à la crise migratoire. Il manque des standards communs, selon Mme Sommaruga.

L’UE devrait mettre en place une clé de répartition des réfugiés pour tous les pays de l’espace Schengen/Dublin, et ceux-ci devraient s’y tenir. Mais cette solution paraît très improbable, reconnaît la ministre. Il faut donc au minimum une amélioration de la réponse politique aux situations de crise.

“Pas regarder mon portable”

Mme Sommaruga est également revenue sur les actes terroristes qui ont eu lieu ces dernières semaines. “Nous avons connu un été particulier; certains jours, j’aurais préféré ne pas regarder mon portable (…) mais la terreur n’est pas arrivée cet été en Europe.”

Elle met à l’épreuve notre société. Pour l’instant, la Suisse est épargnée et les autorités ont les bons instruments à disposition pour faire face, selon Mme Sommaruga. Mais il n’y a aucune garantie pour le futur.

Tout en répondant au défi sécuritaire, il faut aussi défendre fermement nos valeurs démocratiques. “Quelle place accorder à l’Etat de droit, au principe de proportionnalité?” Nous ne pouvons pas faire l’économie de tels débats. La conseillère fédérale en a parlé récemment avec le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière.

Europe à réformer

Et il n’y a pas que les attaques terroristes, a embrayé Mme Sommaruga. L’incertitude politique augmente en Europe. Dans de nombreux pays, les forces populistes, nationalistes et eurosceptiques montent en puissance.

“L’Europe est-elle capable de se réformer” pour faire face à ces défis, s’est interrogée la conseillère fédérale. Cette question et sa réponse auront des conséquences pour la Suisse.

Car la Suisse devra aussi être capable de revoir ses relations avec l’UE. On ne doit jamais oublier que la croissance de la Suisse est due en partie à la paix et à la stabilité politique qui règnent en Europe depuis 70 ans.

Quadrature du cercle délicate

La Suisse a besoin de “relations claires, bonnes et stables avec l’UE.” Mais Simonetta Sommaruga n’a rien livré de neuf sur l’état des négociations en cours avec l’UE en vue de la mise en oeuvre de l’initiative contre l’immigration de masse. Les discussions se poursuivent, on cherche toujours une solution consensuelle.

Celle-ci devrait à la fois respecter l’accord de libre circulation avec l’UE et la Constitution suisse. “Réaliser la quadrature du cercle sera difficile. Ce n’est pas nouveau”.

Depuis le vote britannique du Brexit, une telle solution apparaît comme improbable, cela, tout le monde le sait, “au moins au sein du gouvernement”. Il n’y a donc aucune divergence entre elle et le ministre des affaires étrangères Didier Burkhalter sur la question, a-t-elle encore affirmé.

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