Des perspectives suisses en 10 langues

La Suisse pourrait faire plus, juge un spécialiste de l’ONU

Selon Jakob Kern, pas moins de 22 milliards par année sont nécessaires pour faire face à la faim dans le monde poussée à son paroxysme après les nombreuses crises survenues ces dernières années (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse pourrait faire davantage pour les personnes souffrant de la faim toujours plus nombreuses dans le monde, estime un porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU. Actuellement, le pays verse chaque année 100 millions de francs au PAM.

La Suisse se vante de sa tradition humanitaire, déclare Jakob Kern, directeur de la gestion opérationnelle et chef d’état-major adjoint du PAM lundi dans une interview accordée aux titres alémaniques du groupe Tamedia. “Mais elle ne dépense que 0,3% de son produit intérieur brut à des fins de développement, alors que le standard minimum dans la plupart des pays est de 0,5%”, relève-t-il.

La situation de la faim dans le monde est aiguë: avant la pandémie, 150 millions de personnes étaient dans une situation de détresse aiguë. Aujourd’hui, elles sont 350 millions. “Une augmentation de 200 millions en si peu de temps, c’est unique”, commente l’Appenzellois.

Les conflits, le Covid et la crise climatique ont mené à cette crise inédite. Dans une telle situation, le PAM ne peut aider qu’un tiers des personnes dans le besoin. “Nous prenons des ressources à ceux qui ont faim pour les donner à ceux qui meurent”, déplore M. Kern.

Seul l’argent manque

Les denrées alimentaires sont pourtant là. “Les étagères ne sont pas vides dans la plupart des pays, comme la Jordanie, le Liban, l’Irak ou même la Somalie, mais les plus pauvres n’ont pas les moyens de s’approvisionner”, explique-t-il.

C’est donc l’argent qui manque. Ce alors que le Pam reçoit aujourd’hui plus d’argent que jamais: 13 milliards de dollars l’année dernière contre cinq milliards il y a cinq ans.

Mais en raison des coûts plus élevés du blé et du carburant, quatre millions de personnes ne peuvent plus bénéficier de l’aide apportée par le PAM. Pour pallier ce manque, 22 milliards par an sont nécessaires, selon le spécialiste.

Cette année, la situation devrait encore se dégrader. “Je suis réaliste, assure M. Kern, ‘la faim zéro’ formulé dans le deuxième objectif de développement de l’ONU pour 2030 est une illusion”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision