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La Suisse, une économie à deux vitesses, constate Credit Suisse

(Keystone-ATS) Sous le coup de la vigueur du franc depuis la suppression du taux plancher, l’économie suisse devrait continuer de présenter deux visages ces prochains mois. Alors que le marché intérieur demeure robuste, le secteur des exportations peine, constate Credit Suisse.

La combinaison de l’immigration, des prix bas et de taux d’intérêt peu élevés devrait continuer à soutenir le marché immobilier, la consommation, et partant, l’économie intérieure, écrit jeudi le numéro deux bancaire helvétique dans son analyse trimestrielle des branches de l’économie suisse. Un contexte qui rend peu probable le scénario d’une grave récession, note l’établissement qui rappelle tabler cette année sur une croissance de 0,8%.

Toutefois, après la contraction de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) intervenue durant les trois premiers mois de l’année, d’autres trimestres de repli restent envisageables. Les experts de la banque zurichoise notent qu’une nette dépréciation du franc, laquelle soulagerait le secteur exportateur, reste pour le moment peu vraisemblable.

Toujours sans solution, la crise grecque a accru les incertitudes sur les marchés financiers et exacerbé les pressions haussières sur le franc, qui fait office de valeur refuge, explique Credit Suisse. Mais la Banque nationale suisse (BNS) veille, réagissant avec fermeté à ces mouvements, rendant improbable une nouvelle détérioration notable des exportations.

Reprise rapide exclue

Mais une reprise rapide de l’économie helvétique est aussi exclue, le marché intérieur tendant à perdre son élan, alors que dans le même temps le commerce extérieur ne devrait pas apporter d’impulsion de croissance notable, ni cette année, ni l’an prochain. Pour 2016, une hausse modérée de 1,2% du PIB est attendue.

Dans le détail des branches, les différences sont restées importantes au 2e trimestre. Les industries pharmaceutiques, de la chimie et des machines ont ainsi accusé des baisses de chiffre d’affaires, même si elles ont pu maintenir leur production dans une certaine mesure.

Le secteur pharmaceutique a bénéficié et bénéficie encore d’une demande robuste, qui devrait lui éviter d’importants replis de ses revenus. L’industrie des machines devrait enregistrer des commandes en légère augmentation, essentiellement en Europe, à la faveur de la reprise économique sur le Vieux-Continent qui se poursuivra tant que la crise grecque ne vient pas pénaliser la demande.

Les entreprises actives dans les produits alimentaires et les métaux doivent elles composer avec des prix à la production en net repli et la pression de la concurrence étrangère sur le marché intérieur. L’horlogerie a tiré son épingle du jeu, avec seulement un léger tassement de ses exportations après 5 mois. Une baisse moins imputable à la force du franc, qu’à une demande moindre à Hong Kong.

Commerce de détail dans le dur

La construction se trouve pour sa part dans une situation moins confortable, en raison de la fin de grands projets dans le génie civil et un tassement dans la construction de logements. Mais une reprise est attendue en 2e partie d’année, notamment du fait de l’attrait des placements immobiliers dans l’environnement actuel de taux d’intérêt bas.

A la différence du commerce de détail, les données concernant l’hôtellerie ne reflètent pas encore complètement la vigueur du franc. Le recul des nuitées a pu être contenu à la faveur de réservations précoces et de la fidélité de la clientèle suisse. Mais la suite de l’année s’annonce plus difficile.

Le commerce de détail n’a lui guère profité de l’évolution favorable de la consommation des ménages, prix et chiffres d’affaires fléchissant nettement en février et en avril. Des baisses dues essentiellement au tourisme d’achat en augmentation.

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