Des perspectives suisses en 10 langues

La vente en France des pesticides Closer et Transform suspendue

Les deux pesticides visés servent à traiter les cultures contre les pucerons grâce à une substance active, le sulfoxaflor, présenté comme "un néonicotinoïde de nouvelle génération" sur la base de diverses études. Les pesticides de la famille des néonicotinoïdes sont en passe d'être interdits. KEYSTONE/EPA/NIC BOTHMA sda-ats

(Keystone-ATS) Le tribunal administratif de Nice a suspendu l’autorisation de mise sur le marché de deux nouveaux pesticides du fabricant étasunien Dow, le Transform et le Closer. Interdits en Suisse, ces produits sont accusés de présenter un risque pour la santé des abeilles.

Les deux pesticides concernés, le Transform et le Closer, déjà autorisés selon Dow dans 41 pays, dont les Etats-Unis, le Canada et l’Afrique du Sud, avaient été autorisés à la vente fin septembre par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Cette autorisation “est suspendue jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur sa légalité”, a décidé vendredi le tribunal administratif de Nice, saisi par l’association écologiste Générations Futures.

Recours annoncé

“Dow fera un recours contre cette ordonnance devant le Conseil d’Etat”, a réagi l’avocat de la société, Me Eric Nigri. Il s’est dit “étonné” de cette décision dont “les conséquences immédiates sont, précisément, un préjudice pour les agriculteurs français qui vont s’orienter vers d’autres produits qui n’ont pas un profil écotoxicologique aussi favorable”.

Les deux pesticides visés servent à traiter les cultures de grands champs et les fruits et légumes contre les pucerons grâce à une substance active, le sulfoxaflor, présenté par l’association comme “un néonicotinoïde de nouvelle génération” sur la base de diverses études scientifiques. Les pesticides de la famille des néonicotinoïdes sont en passe d’être interdits.

Principe de précaution

Dans son ordonnance, le juge Didier Sabroux appuie sa décision sur le principe de précaution qui s’applique “lorsque des incertitudes subsistent sur l’existence et la portée des risques”.

Il souligne aussi que l’Anses admet le caractère toxique du sulfoxaflor pour les abeilles, dont la population est “déjà fragilisée”, et il estime qu’il n’y a pas de garantie certaine que les deux pesticides seront épandus exclusivement par des professionnels formés et à la bonne dose.

Le fabricant Dow avait, lui, contesté à l’audience tout amalgame entre les néonicotinoïdes et le sulfoxaflor, présenté au contraire comme “plus respectueux de la biodiversité”.

Alternative inoffensive

Sous réserve de publication du décret d’application, les néonicotinoïdes seront en sursis en France à partir du 1er septembre, conformément à la loi biodiversité de 2016 qui prévoit leur interdiction, avec des dérogations possibles au cas par cas jusqu’en juillet 2020.

Dans les années 1990, ils avaient été présentés comme une alternative inoffensive aux pesticides de générations précédentes, a eu beau jeu de rappeler à l’audience Me François Lafforgue, avocat de Générations Futures.

Glyphosate

La France reste en faveur du retrait du glyphosate “dans un délai proche”, a affirmé de son côté la ministre de la Santé Agnès Buzyn après la publication d’une étude étasunienne ne montrant pas de lien entre cet herbicide et cancers.

“Les agences d’expertise internationales, en particulier le Centre de recherche sur le cancer (CIRC) qui a classé le glyphosate en cancérogène probable, vont certainement prendre en compte cette étude pour évaluer le risque, et nous attendons des expertises qui vont venir dans les années qui viennent”, a dit Mme Buzyn.

“Leucémie myéloïde aiguë”

Des chercheurs américains ont suivi pendant 20 ans 50’000 travailleurs agricoles en Iowa et en Caroline du Nord. Leur étude, publiée le 9 novembre dans la revue “Journal of the National Cancer Institute”, n’a pas montré d’association statistique entre glyphosate et cancers.

Les “éléments montrant un risque accru de leucémie myéloïde aiguë parmi le groupe le plus exposé” demandent confirmation, ajoute l’étude.

Les pays européens sont divisés sur la durée de renouvellement de la licence de l’herbicide le plus utilisé au monde, la France prônant trois ou, à la limite, quatre ans maximum. Leurs représentants se réuniront de nouveau à Bruxelles lundi.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision