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Le “combat” contre l’extradition commence pour Julian Assange

Julian Assange vient de passer sa première nuit en détention et risque d'être extradé vers les Etats-Unis (archives). KEYSTONE/EPA/STRINGER sda-ats

(Keystone-ATS) C’est le début d’un long “combat” judiciaire pour le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui vient de passer sa première nuit en détention et risque d’être extradé vers les Etats-Unis. Ceux-ci le considèrent comme une menace pour leur sécurité et veulent le juger.

L’Australien de 47 ans est détenu à la prison de Belmarsh, dans le sud-est de Londres, a révélé à l’AFP vendredi une source judiciaire proche du dossier. La presse britannique évoquait vendredi matin le centre pénitencier de Wandsworth, au sud-ouest de la capitale.

Belmarsh est un établissement de haute sécurité pouvant accueillir 910 prisonniers, dont des détenus suscitant un fort intérêt médiatique, selon un rapport d’inspection de 2018. Des agents consulaires australiens vont demander à lui rendre visite au plus vite, a annoncé jeudi la ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne, tout en se disant “persuadée” qu’il serait “traité de manière équitable”.

Arrêté jeudi matin et extirpé de force par la police de l’ambassade d’Equateur où il avait trouvé refuge il y a sept ans pour échapper à un mandat d’arrêt britannique pour des accusations de viol et d’agression sexuelle en Suède qu’il a toujours niées, Julian Assange a été présenté dans l’après-midi même au tribunal londonien de Westminster. Un juge l’y a reconnu coupable de soustraction à la justice, un délit passable d’un an de prison. Sa peine sera prononcée à une date qui n’a pas été communiquée.

“Je vous l’avais dit”

Outre le mandat d’arrêt britannique, Assange fait face à une demande d’extradition américaine pour “piratage informatique”. “Vous pourriez consentir à la demande”, lui a dit le juge Michael Snow lors de sa comparution. Avant de lui exposer de manière étonnamment ironique l'”inconvénient” et l'”avantage” d’un tel choix: pas de possibilité de faire appel mais celle d’aller “plus vite aux Etats-Unis” et de “reprendre le cours de (sa) vie”.

Dans le box des accusés, Julian Assange, vêtu d’une veste noire, cheveux blancs rassemblés dans une queue de cheval et longue barbe blanche, a refusé. La demande américaine sera donc examinée au cours d’une audience le 2 mai.

Son avocate Jennifer Robinson a annoncé qu’il allait “contester et combattre” cette demande d’extradition qu’il craignait, et avait invoquée comme motif de sa réclusion volontaire dans la représentation diplomatique équatorienne. “Il a dit ‘Je vous l’avais dit'”, a ajouté Mme Robinson, s’adressant aux journalistes devant le tribunal jeudi, avant de dénoncer une arrestation, autorisée par Quito, qui “crée un dangereux précédent pour les organes de presse et les journalistes” dans le monde.

Accusé d’avoir aidé l’ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense, Julian Assange encourt jusqu’à cinq années de prison aux Etats-Unis selon le ministère américain de la Justice Mais “il n’y a aucune garantie qu’il n’y aura pas d’accusation supplémentaire (une fois) sur le sol américain”, a averti le rédacteur en chef de Wikileaks, Kristin Hrafnsson, appelant le gouvernement britannique à s’opposer à la demande d’extradition.

De son côté, le vice-président américain Mike Pence a assuré vendredi que les réactions enthousiastes de Donald Trump durant la campagne présidentielle aux informations de WikiLeaks concernant Hillary Clinton n’étaient en aucun cas une marque de soutien à l’organisation.

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