
Le chauffeur qui a détourné un bus voulait aller en Afrique

(Keystone-ATS) Le chauffeur ayant dérouté mercredi son bus scolaire vers l’aéroport de Milan voulait se servir des 51 collégiens comme « bouclier » pour s’envoler vers l’Afrique, selon les médias italiens. Il a finalement mis le feu au véhicule, avec les otages à bord.
« Je voulais aller sur la piste de l’aéroport de Linate avec les enfants que j’aurais utilisés comme un bouclier, et de là partir en avion pour l’Afrique de manière éclatante », a-t-il expliqué lors de l’un de ses premiers interrogatoires, cité par le journal Corriere della Sera. « Je ne voulais faire de mal à personne », a-t-il assuré.
Le chauffeur d’origine sénégalaise a finalement été bloqué par des carabiniers. Il a alors mis le feu au bus. Tous les enfants sont cependant parvenus in extremis à s’échapper du véhicule en flammes par des vitres arrière brisées par des carabiniers.
Il a justifié son geste en affirmant vouloir attirer l’attention sur le drame des migrants morts en mer Méditerranée. « J’entendais les voix des enfants en mer qui me disaient: ‘Fais quelque chose d’éclatant pour nous, mais sans faire de mal aux enfants », a-t-il déclaré aux enquêteurs, selon ces sources.
Haine des Blancs
L’homme de 47 ans aurait, selon le Corriere della Sera, exprimé sa haine « des Blancs », qui ont « envahi et colonisé » l’Afrique, obligeant aujourd’hui les Africains à émigrer et « mourir en Méditerranée ». Le chef de la cellule antiterrorisme de Milan a indiqué que le suspect avait posté sur YouTube une vidéo avec pour message « Afrique soulève-toi ».
Le chauffeur a aussi confié aux enquêteurs que la saisie mardi par l’Italie du navire humanitaire « Mare Jonio », bloqué au large de l’île italienne de Lampedusa avec 48 migrants à bord, avait constitué pour lui un facteur déclenchant.
Citoyen italien depuis dix-huit ans, il n’a exprimé aucun regret pour son action. « C’était une chose que je devais faire et que je referais. Cent fois. Pourquoi l’ai-je fait? Pour envoyer un signal à l’Afrique. Les Africains doivent rester en Afrique ».
Le quotidien Messagero a rapporté qu’il aurait fait une première tentative deux jours avant les faits. « Il a essayé de changer de parcours, mais un professeur est intervenu et a dit. ‘Qu’est-ce que tu fais? Prends la bonne route! », ont rapporté trois élèves au journal.