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Le politique a moins d’influence que supposé, affirme Credit Suisse

Des événements comme l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence française pèsent moins que supposé sur les décisions des entreprises helvétiques, selon Credit Suisse (archives). KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI sda-ats

(Keystone-ATS) Le Brexit ou les élections de Donald Trump et Emmanuel Macron font la une des médias, mais leur impact sur les décisions des entreprises helvétiques reste limité, estime Credit Suisse. L’action de la BNS a joué un rôle déterminant dans les phases d’incertitude.

L’incertitude politique diffuse, telle qu’elle peut être mesurée à l’aune des informations véhiculées par les médias, ne constitue pas un outil de prévision adapté, écrit mardi le numéro deux bancaire helvétique dans la dernière édition de son “Moniteur Suisse”.

Ces derniers mois et années, les économistes de Credit Suisse n’ont plus identifié de corrélation étroite entre la croissance des investissements et l’indice d’incertitude calculé par la banque. Cet indicateur se base sur le nombre d’informations relayées dans les médias helvétiques dans un contexte donné.

Il serait cependant faux de prétendre que les décisions politiques n’ont aucune incidence sur le comportement des entreprises, nuance cependant l’établissement aux deux voiles. L’essentiel consiste à déterminer si les décisions politiques modifient réellement ou non l’environnement fondamental des sociétés.

Grosse activité de la BNS

Si les événements politiques affectent de manière directe le moral des entreprises, ces dernières ne prennent effectivement des décisions qu’à partir du moment où les conséquences peuvent être évaluées. Une attitude que les enquêtes confirment par ailleurs.

D’autre part, les experts de Credit Susse constatent que la Banque nationale suisse (BNS) n’a cessé de réagir aux incertitudes politiques, lesquelles contribuent à l’appréciation du franc. Très actif sur les marchés des changes, l’institut d’émission a dépensé pas moins de 143 milliards de francs depuis février 2015 dans ses achats de devises étrangères.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence française, l’incertitude politique s’est réduite en Europe – du moins temporairement – et par conséquent le volume des interventions de la BNS. Mais la BNS ne devrait pas pour autant baisser la garde et cesser ses achats de devises, anticipe la banque de la Paradeplatz.

Après tout, l’institut d’émission est aussi intervenu lors de précédentes phases sans grandes incertitudes, acquérant des devises pour 2 à 4 milliards de francs chaque semaine. Dans ce contexte, les taux d’intérêt négatifs devraient rester en vigueur jusqu’à fin 2018.

Contexte favorable

Désormais, les conditions d’une poursuite du rebond de l’industrie d’exportation se révèlent favorables, jugent les économistes de Credit Suisse. Celle-ci bénéficie notamment de l’embellie conjoncturelle dans ses premiers débouchés en Europe.

En parallèle, le marché intérieur demeure solide, même si la croissance ne s’accélère que lentement, comme en témoigne la décevante hausse de 0,3% du produit intérieur brut (PIB) au 1er trimestre 2017, calculée par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Le climat de consommation ne progresse lui aussi que faiblement, reflet de l’évolution en demi-teinte de l’emploi.

Pour l’ensemble de l’année, les prévisionnistes de Credit Suisse anticipent néanmoins une expansion inchangée du PIB de 1,5%, laquelle devrait s’accélérer à 1,7% l’an prochain. L’inflation est pour sa part attendue à 0,5% en 2017 et en 2018.

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