Des perspectives suisses en 10 langues

Le Valais rejette à près de 54% la candidature olympique Sion 2026

Le président de la ville Sion Philippe Varone (à gauche) et le conseiller d'Etat Frédéric Favre ont dit prendre acte du choix des Valaisans lors d'une conférence de presse dans le chef-lieu valaisan. KEYSTONE/OLIVIER MAIRE sda-ats

(Keystone-ATS) Les Valaisans ne veulent pas des Jeux olympiques d’hiver 2026. Ils ont refusé à une majorité de 53,98% le crédit de 100 millions de francs qui devait financer les infrastructures et la sécurité dans leur canton.

Le crédit a été rejeté dimanche par 71’579 votants, alors que 61’019 l’ont accepté. La participation a atteint 62,6%. A Sion, ville hôte, l’objet a même été refusé par 60,9% du corps électoral.

Déçus, les partisans de la candidature 2026 ont pris acte du refus clair des Valaisans d’organiser les JO d’hiver. Ils ont annoncé officiellement le retrait de la candidature.

“Les dés sont jetés. Nous avons pris note du refus de la population à 53,98% de se lancer dans la candidature des JO d’hiver”, a indiqué devant la presse le conseiller d’Etat valaisan Frédéric Favre. “Pour le gouvernement, une page se tourne après une longue campagne. J’annonce officiellement le retrait du canton d Valais du projet Sion 2026”, a-t-il précisé.

Divergences régionales

Le scrutin a montré des divergences entre la plaine et la montagne d’une part, entre le haut et le bas du canton d’autre part. La plupart des communes de plaine ont refusé la candidature. Toutes les villes ont rejeté l’objet à une majorité de plus de 55%, à l’exception de Viège qui refuse à 51%.

Le Haut-Valais a accepté la candidature à une courte majorité de 51%. Mais elle est refusée dans le Valais francophone. Dans le Valais central, entre Sierre et Martigny, le rejet est de près de 54%. Il est encore plus marqué dans le Bas-Valais, avec un taux de refus de 58%.

Globalement, les communes de montagne se sont montrées plus favorables. A Crans-Montana, 57% des électeurs ont glissé un oui dans l’urne. Ils ont été 62% dans le même cas à Goms, 70% à Fiesch, 65% à Evolène, 62% à Veysonnaz, 57% à Bagnes, 66% à Saas Fee, 67% à Anniviers, 53% à Champéry, 65% à Loèche-les-Bains.

Mais il y a quelques fausses notes dans ce concert. Zermatt a refusé à une majorité de 54%, Nendaz à 52%.

D’autres projets

“Nous en prenons acte. Le résultat de la ville est à l’image de celui des autres cités du canton”, a déclaré Philippe Varone, président du chef-lieu valaisan. L’élu a annoncé le retrait du nom de sa ville du projet et assuré que la municipalité allait “continuer à assumer d’autres projets de développement”.

“Nous acceptons bien sûr ce résultat démocratique”, a déclaré Jürg Stahl. Le président de Swiss Olympic et de l’association pour une candidature olympique suisse constate que le projet, soutenu par le monde politique et économique, n’a pas réussi à convaincre l’électorat valaisan.

Puisque les conditions pour maintenir la candidature ne sont pas réunies, l’association pour une candidature olympique va rendre son mandat à Suisse olympique. “Nous analyserons les causes de l’échec, mais nous estimons que ce n’est pas un désaveu des manifestations sportives”, a souligné Jürg Stahl.

Un canton divisé

Les Valaisans se sont prononcés sur un crédit d’un montant maximal de 100 millions de francs. Soixante millions pour les infrastructures et 40 millions pour la sécurité.

La campagne a été dure, avec des positions très tranchées et un canton divisé comme rarement. La question financière était la principale inquiétude des opposants.

Malgré tout, Frédéric Favre a lancé un appel à l’union. Il a invité “tous les partisans et tous les opposants à boire un verre et à discuter d’autre chose”. “Je ne crois pas en un Valais divisé”, a conclu le conseiller d’Etat PLR.

Soulagement des opposants

Les opposants avaient le sourire à l’issue du scrutin. Ils estiment que l’électorat a fait preuve de bon sens et demandent au gouvernement cantonal de s’engager désormais pour concrétiser une véritable politique touristique.

Le résultat n’a pas surpris autrement le président des Verts, opposants de la première heure, Jean-Pascal Fournier qui n’a jamais senti de réel enthousiasme populaire autour de la candidature. Selon lui, le Valais n’a pas besoin de JO pour exister. Le résultat du vote montre aussi qu’il n’est pas possible de ne miser que sur le tourisme d’hiver.

Retombées ailleurs

La candidature rejetée dimanche ne concernait pas que le Valais. Le concept prévoyait des compétitions dans les cantons de Vaud, Fribourg, Berne, Obwald et dans les Grisons. Le Conseil fédéral proposait au Parlement de débloquer un milliard de francs environ pour la manifestation.

Le canton de Berne a annoncé interrompre ses travaux de préparation pour les Jeux d’hiver. Les tournois de hockey sur glace auraient dû se dérouler à Berne et à Bienne, le combiné nordique et le saut à ski à Kandersteg (BE), où les habitants avaient accepté pas plus tard que vendredi un crédit d’aménagement de 1,2 million de francs.

C’est la deuxième fois que les Valaisans rejettent les jeux en votation populaire. La première était en 1963 pour les JO prévus cinq ans plus tard. Dans l’intervalle, le canton a tenté de décrocher les Jeux de 1976, 2002 et 2006, en vain.

Le “non” valaisan intervient un peu plus d’une année après le deuxième refus des Grisons d’organiser les JO 2026. La Suisse a accueilli à deux reprises les Jeux Olympiques d’hiver, en 1928 et en 1948 à St-Moritz (GR). Depuis, onze tentatives pour décrocher les olympiades ont échoué.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision