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Les agriculteurs grecs protestent contre la réforme des retraites

(Keystone-ATS) Des milliers d’agriculteurs ont manifesté vendredi à Athènes contre la réforme des retraites exigée par les créanciers de la Grèce. Des heurts avec la police ont émaillé ces manifestations.

Quelque 10’000 personnes, des fermiers mais aussi des syndicalistes, se sont réunies face au parlement, sur la place Syntagma, agitant des drapeaux grecs, avec à leur tête une vingtaine de tracteurs qui faisaient résonner leurs klaxons dans une ambiance plutôt bon enfant.

Ils ont allumé un feu de joie, assurant pour certains avoir apporté des tentes dans l’intention de s’installer “dix jours s’il le faut”, assurait Stavros Haralas, venu de la région de Pieria (nord). “Nous voulons manifester pacifiquement”, assurait un vigneron de Nemea dans le Péloponnèse. “Nous manifestons contre la réforme des retraites et nous voulons être imposés équitablement”, a-t-il dit.

Ministère visé

Plus tôt dans la journée cependant, quelque 2000 agriculteurs, fraîchement débarqués du ferry depuis la Crète, et la plupart munis de la canne en bois typique de l’île, avaient créé des incidents devant le ministère de l’Agriculture, bombardant les forces de police de divers objets, dont des tomates. Ils ont brisé des vitres du ministère et mis le feu à des poubelles.

La police leur a répondu avec des gaz lacrymogènes. Quatre manifestants ont été arrêtés et une dizaine de policiers ont été blessés, dont deux hospitalisés.

“Le premier étage a été endommagé, c’est une chance que le personnel n’ait pas été blessé”, a déclaré le ministre de l’Agriculture Evangelos Apostolou, appelant les leaders du mouvement à contenir leurs éléments les plus “extrêmes”.

Le vice-ministre de l’Intérieur Nikos Toskas a estimé qu’il y avait “des éléments d’extrême-droite” dans un autre groupe venu du Péloponnèse et arrêté sur l’autoroute par la police alors qu’il tentait de forcer un barrage avec des dizaines de tracteurs.

La police a tiré des gaz lacrymogènes après qu’un des manifestants eut brisé le pare-brise d’un véhicule de police. Un autre groupe de fermiers, venus du nord du pays, avait pour sa part l’intention de camper sur la place du parlement grec jusqu’à dimanche.

Ports et aéroports menacés

Le gouvernement a pris toutes les précautions pour empêcher la grande manifestation du soir de dégénérer, “ou de causer la confusion dans la capitale”, a expliqué M. Toskas, au moment où les trois groupes convergeaient en fin de journée vers la place Syntagma.

Les agriculteurs grecs, traditionnellement épargnés par le fisc, sont en colère car le gouvernement veut augmenter drastiquement leurs cotisations sociales, dans le cadre d’une réforme du système de retraites qui a mis dans la rue toutes les corporations du pays, y compris les avocats ou les commerçants, ces dernières semaines.

Les agriculteurs rejettent aussi le projet du gouvernement de doubler d’ici à 2017 leur taux d’imposition, particulièrement faible à 13% actuellement, et de leur enlever certains avantages comme des prix préférentiels sur le carburant. Depuis mi-janvier, ils ont organisé des dizaines de blocages sur les routes avec leurs tracteurs, notamment vers la Bulgarie et la Turquie. Ils menacent à présent de bloquer les ports et les aéroports.

Prix à la baisse

Outre les réformes exigées, dans le cadre du nouveau plan d’aide de 86 milliards d’euros accepté en juillet par le gouvernement d’Alexis Tsipras, les agriculteurs se plaignent aussi de devoir vendre leurs produits peu cher, au profit des intermédiaires. “Nous vendons nos oranges 10 centimes le kg et sur le marché on les retrouve à 50 ou 60 centimes”, se plaignait l’un d’eux.

Cette semaine, M. Tsipras a affirmé que le gouvernement était “ouvert à un dialogue honnête et approfondi” avec eux.

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