
Les atouts de la Suisse

L'arrivée du géant australien AWB à Genève correspond à une nécessité stratégique. Mais la Suisse a encore bien d'autres avantages à offrir aux multinationales.
La Suisse semble douée pour les concours de beauté. Tout au moins lorsqu’il s’agit de sa place économique. Régulièrement en effet, elle se retrouve aux premiers rangs, dans différents classements internationaux.
Celui de la compétitivité mondiale, par exemple, qu’établit l’IMD de Lausanne. La Suisse fait partie du peloton des 10 premiers depuis plusieurs années. Dans le classement 2002, paru il y a un mois, elle gagne trois places et arrive 7e.
Autre étude récente, celle du cabinet de conseil Arthur D. Little, qui fait de la Suisse l’un des meilleurs endroits au monde pour installer le siège d’une entreprise. Et qui révèle l’accélération spectaculaire de ce genre de transfert vers la Suisse.
On peut encore mentionner ce classement, publié à la fin de l’année passée par le Financial Times, sur la base de données de l’OCDE, qui place la Suisse en tête des pays les mieux à même de développer les technologies du XXIe siècle.
Pas de potion magique
Alors, quelle est la recette? «Il n’y a pas un facteur clé, c’est toujours un mélange de différents facteurs, répond Thomas Hafen, responsable de la promotion à l’exportation et de la promotion de la place économique suisse au Seco, le Secrétariat d’Etat à l’économie.
Parmi les ingrédients principaux: une fiscalité modérée par rapport aux pays voisins, une stabilité politique légendaire, un marché de la main-d’œuvre peu réglementé, des infrastructures de premier ordre.
Difficile de mesurer précisément l’attractivité de la Suisse. «En cinq ans, le programme RéusSite:Suisse nous a permis de transférer 436 projets aux cantons, explique Thomas Hafen. Suite à quoi environ 180 entreprises se sont installées en Suisse.»
Des chiffres à considérer comme un minimum. Car, évidemment, rien n’empêche une entreprise étrangère de s’adresser directement aux programmes de promotion économique des cantons. Voire, carrément, à s’en passer.
Concurrence à l’interne
Ce qui est sûr, c’est que les investissements directs des entreprises étrangères en Suisse (par la création d’une société ou une prise de capital) ont atteint 28 milliards pour l’année 2000, en forte progression par rapport à l’année précédente.
Mais une fois la Suisse choisie, reste à savoir, pour une multinationale, où s’implanter. «Il y a en principe deux centres, explique Stephan Kux, responsable de la promotion économique du canton de Zurich. Zurich et Zoug d’un côté, Genève-Lausanne de l’autre.»
«C’est une concurrence qui se joue à l’intérieur de la Suisse, ajoute le responsable zurichois. Mais nous ne la prenons pas si au sérieux que cela. Parce que si Genève marche bien, c’est un avantage pour Zurich, et vice-versa.»
Genève l’internationale
A Genève, justement, Philippe Meyer, de la promotion économique cantonale, rappelle que «plus d’un tiers des entreprises internationales installées en Suisse ont choisi la région lémanique».
Les secteurs prédominants: l’horlogerie, les télécoms, la biotechnologie, la banque privée ou encore le négoce international. En outre, la présence de nombreuses organisations internationales crée un environnement favorable.
«Nous avons un grand choix d’écoles internationales, ajoute Philippe Meyer. C’est l’un de nos principaux atouts par rapport au reste de la Suisse et de l’Europe».
L’espace Zurich
Zoug, malgré sa taille modeste, est une place économique de choix. Chaque année, 800 à 1000 entreprises (d’origine suisse et étrangère) y sont créées. Pour la moitié ce sont des sociétés-boîte aux lettres, qui n’ont aucune activité opérationnelle.
Car le canton est réputé pour sa fiscalité extrêmement favorable. «Mais il n’y a pas de remise fiscale dans le canton de Zoug», souligne Gianni Bomio, secrétaire du Département de l’économie. Qui met également en évidence d’autres facteurs, comme la proximité de centres tels que Zurich ou Lucerne.
La fiscalité ne fait en effet pas toute la différence, loin de là. «C’est extrêmement rare que ce soit uniquement une question d’impôts», juge Jim Heim, de The Zurich Network, l’organisme de promotion à l’étranger de l’espace économique zurichois, auquel participent par exemple les Grisons ou Schaffhouse.
Et Jim Heim de citer les atouts de la région, notamment la plate-forme intercontinentale de l’aéroport de Kloten, l’environnement très dense qu’offre la capitale économique du pays. Sans oublier la qualité de la vie, dont Zurich est la championne du monde, à en croire un classement – encore un – publié en mars.
La Suisse européenne?
Il y a pourtant au moins un atout que la Suisse ne possède pas: celui de ne pas faire partie de l’Union européenne. «C’est vrai pour certaines entreprises, notamment japonaise, qui préfèrent choisir un site à l’intérieur du marché européen», admet Stefan Kux.
«Mais maintenant, avec les accords bilatéraux, poursuit le responsable de la promotion économique du canton de Zurich, on peut presque dire que nous sommes à l’intérieur. Depuis le 1er juin, c’est un avantage supplémentaire.»
swissinfo/Pierre Gobet à Zurich, avec Frédéric Burnand

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.