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Les conservateurs néo-zélandais en tête, mais rien n’est joué

Le premier ministre néo-zélandais Bill English a voté à Wellington. KEYSTONE/AP New Zealand Herald/MARK MITCHELL sda-ats

(Keystone-ATS) Le parti conservateur du premier ministre Bill English est arrivé en tête des élections générales de samedi en Nouvelle-Zélande. Mais aucune majorité claire ne se dégage du scrutin. Il faudra conclure des alliances pour pouvoir gouverner.

Selon les résultats définitifs publiés par la commission électorale, le Parti national de M. English a obtenu 46% des voix. Il devance largement le parti travailliste de Jacinda Ardern (36%). La charismatique dirigeante du Labour a reconnu que les conservateurs avaient obtenu le plus de voix, tout en affirmant que la course n’était pas encore jouée.

Il faut 61 sièges pour obtenir la majorité absolue au parlement. Les conservateurs et leur allié actuel ACT (libéral) en ont gagné 59. Les travaillistes et leur partenaire habituel des Verts en ont remporté 54.

Les populistes en faiseurs de rois

Comme en 2011 et 2014, l’arbitre principal devrait être le parti populiste et anti-immigration Nouvelle Zélande d’abord (NFZ) de Winston Peters, 72 ans. Cette formation a remporté 7,5% des suffrages, soit neuf sièges, et les Verts 6%.

L’appui du parti populiste et anti-immigration “Nouvelle Zélande d’abord” (New Zeland First, NZF) se révèle donc décisif. “Nous n’allons pas nous presser”, a cependant déclaré son chef, le maori Winston Peters. “Nous prendrons une décision en fonction des intérêts de toute la Nouvelle-Zélande et de NZF (…) Cela prendra du temps”, a-t-il ajouté.

Connu pour ses prises de position contre l’immigration asiatique, M. Peters avait aidé les conservateurs à prendre le pouvoir en 1996 contre un poste de vice-premier ministre. En 2005, il avait rejoint une coalition travailliste en échange des Affaires étrangères. Il est resté évasif sur son positionnement cette année, mais fait clairement comprendre qu’il vendrait chèrement son soutien.

Bill English a affirmé samedi qu’il commencerait à discuter “dans les prochains jours” avec NZF.

Scrutin incertain

Quelque 3,2 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes samedi, mais plus d’un million avaient voté par anticipation. Cette élection était considérée comme la plus incertaine depuis de nombreuses années: les sondages avaient d’abord annoncé la victoire de M. English puis de Mme Ardern et enfin à nouveau du chef du gouvernement sortant.

“Cette élection va être très serrée. (…) C’est une course de vitesse entre les deux grands partis”, avait reconnu Bill English vendredi.

Depuis l’entrée en vigueur en 1996 d’un nouveau système électoral, qui implique que les Néo-Zélandais votent d’une part pour une liste et de l’autre pour un candidat, aucun parti n’est parvenu seul à rafler la majorité absolue.

Rebond travailliste

Il y a deux mois encore, M. English, qui avait succédé en décembre au très populaire John Key, voyait la partie gagnée d’avance face à un centre-gauche au fond du trou. Mais la campagne a changé de physionomie avec l’arrivée à la tête de l’opposition le 1er août de Mme Ardern.

La dirigeante de 37 ans a bénéficié d’un extraordinaire élan de sympathie et fait gagner initialement aux travaillistes 20 points dans les sondages. Elle a joué à fond la carte du changement générationnel après neuf années de règne du Parti national.

Le Labour n’a cessé de dénoncer l’usure du pouvoir de la droite, à court d’idées après neuf ans aux affaires, selon lui. Mme Ardern a surtout fait campagne sur des questions sociétales comme la protection de l’environnement, l’accès au logement, promettant aussi la gratuité de l’éducation supérieure.

M. English a en revanche assuré que la “Jacinda-mania” n’est que du vent. L’ancien agriculteur de 55 ans, père de six enfants, a mis en avant son bilan aux Finances sous le gouvernement Key, assurant que seul le Parti national pouvait entretenir la robuste croissance de l’économie locale.

Voilà plus d’un demi-siècle qu’un gouvernement néo-zélandais n’a pas remporté quatre élections d’affilée.

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