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Les enquêteurs onusiens sur le Venezuela prolongés de deux ans

Le mandat des enquêteurs indépendants de l'ONU sur le Venezuela a été prolongé par le Conseil des droits de l'homme à Genève. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Les enquêteurs indépendants de l’ONU qui ont dénoncé de possibles crimes contre l’humanité au Venezuela et mis en cause le président Nicolas Maduro vont poursuivre leurs efforts. Le Conseil des droits de l’homme a prolongé mardi à Genève leur mandat de deux ans.

Malgré les rejets à nouveau du Venezuela, la Mission d’établissement des faits a été soutenue dans une résolution votée par plus de 20 Etats, contre trois oppositions et plus de 20 abstentions. A deux mois d’élections législatives qui seront boycottées par les ennemis du président, celle-ci a condamné la répression politique et les violations des droits de l’homme dans ce pays.

Dans un rapport publié il y a moins d’un mois, les enquêteurs indépendants, mandatés par le Conseil des droits de l’homme, avaient directement mis en cause Nicolas Maduro et deux de ses ministres, aux côtés des forces de sécurité et de groupes qui leur sont associés. La Suisse s’était “alarmée” devant l’instance onusienne des actes qu’ils ont dénoncés.

Dans leur rapport, les membres de la Mission avaient affirmé que le chef de l’Etat avait donné des ordres sur les personnes à cibler dans les violations. Ils avaient dénoncé de nombreuses exécutions extrajudiciaires, notamment par une unité de la police dont la Haute commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet et la Suisse avaient réclamé le démantèlement. Ils ont également mentionné des arrestations et détentions arbitraires, des disparitions forcées et de la torture.

Outre la Mission d’établissement des faits, la Haute commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet devra elle également continuer à évaluer la situation au Venezuela. Récemment, elle avait affirmé une inquiétude sur le nombre de victimes, établi à 2039, tuées cette année dans les zones pauvres par les forces de sécurité.

Plusieurs autres mandats prorogés

Egalement mardi, le Conseil des droits de l’homme a étendu d’un an le mandat de la Commission d’enquête internationale sur le Burundi, malgré l’arrivée au pouvoir du nouveau président Evariste Ndayishimiye. Récemment, le président de cette commission avait estimé que la situation restait “préoccupante et alarmante” pour les droits de l’homme dans ce pays.

La Commission avait ciblé de possibles crimes contre l’humanité dans le contexte électoral. Des exécutions sommaires, des détentions et arrestations arbitraires, des tortures et des violences sexuelles ont été observées.

De leur côté, le Groupe d’experts sur le Yémen (GEE) et la Commission d’enquête internationale sur la Syrie ont eux aussi été prolongés d’un an. Le premier avait ciblé à nouveau récemment de possibles crimes de guerre par toutes les parties. La seconde a elle dénoncé de nouveaux possibles crimes contre l’humanité perpétrés par les forces gouvernementales et de possibles crimes de guerre menés dans plusieurs zones du pays par des rebelles et à des djihadistes.

Rapport accablant sur le Soudan du Sud

Le mandat des trois enquêteurs indépendants de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Libye a lui été prolongé de six mois en raison de la crise de liquidité à laquelle doit faire face l’ONU et des restrictions liées à la pandémie. Leur rapport final ne sera pas présenté en mars prochain comme prévu, mais en septembre.

Lundi, le président de la Mission d’établissement des faits sur la Libye, dont les membres avaient été nommés en août, avait demandé aux Etats d’approuver ce prolongement. Au total, outre ce pays, une quinzaine d’activités liées au Conseil des droits de l’homme ont été décalées en raison de la pandémie et du problème de financement.

En marge du Conseil des droits de l’homme, la Commission des droits de l’homme sur le Soudan du Sud, dont fait partie le Genevois Andrew Clapham, a publié mardi un nouveau rapport. Après avoir dénoncé il y a quelques mois l’armée et les rebelles pour avoir “délibérément affamé” la population, elle mentionne de possibles crimes contre l’humanité sur cette question par les forces gouvernementales. Les raisons sont suffisantes pour des poursuites de tous les acteurs, selon elle.

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