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Les sectes en Suisse à l’heure d’Internet

En Californie, en 1997, des victimes d'un suicide collectif sont emmenées à la morgue. Keystone Archive

Deux personnes sont devenues membres de l'Eglise néo-apostolique en Suisse à la suite d'un contact initialement établi à travers Internet. Le réseau joue encore un rôle modeste dans le recrutement de nouveaux adeptes, constate le chercheur fribourgeois Jean-François Mayer. Mais demain?

En 1994, lorsque éclate le massacre de l’Ordre du Temple solaire (OTS), Jean-François Mayer devient la coqueluche de la presse mondiale. En effet, ce grand jeune homme à la barbe blonde est le seul chercheur à connaître cette secte apocalyptique de l’intérieur.

Ce docteur en histoire, spécialiste des églises minoritaires, avait rencontré à plusieurs reprises des dirigeants de l’OTS, notamment le médecin belge Luc Jouret.

Chargé de cours et chercheur associé à l’unité de science comparée des religions à l’Université de Fribourg, Jean-François Mayer, 43 ans, prépare un séminaire sur «Religion et Internet» (1).

39 membres du groupe «soucoupiste» Heaven’s Gate se suicident en Californie en mars 1997. «Or, l’une des victimes avait été recrutée par Internet», souligne le chercheur fribourgeois. Elle avait quitté sa famille en septembre 1996 après une correspondance électronique avec des membres de Heaven’s Gate.

Des résultats modestes

Internet va-t-il bouleverser les méthodes de recrutement des sectes? En Suisse, pays qui compte 3 à 500 églises minoritaires, le réseau n’a pas encore provoqué de grands bouleversements. Ainsi, l’Eglise néo-apostolique, un mouvement chrétien né au siècle dernier, et surtout implanté en Suisse alémanique (38 000 membres) n’a-t-il été rejoint que par deux personnes en un an grâce à un contact électronique.

Le site en Suisse de l’Eglise néo-apostolique, ouvert depuis janvier 1998, reçoit quotidiennement 120 visiteurs. Internet semble donc jouer un rôle encore modeste dans le recrutement. Les Témoins de Jéhovah, par exemple, constatent que des centaines de personnes leur demandent de la documentation, ou une visite à domicile, via Internet.

Mais cette église affirme ignorer le nombre de ceux qui vont jusqu’à une conversion. «Finira-t-il par apparaître de véritables religions essentiellement virtuelles?», s’interroge Jean-François Mayer. En d’autres termes, Internet serait-il capable d’engendrer des communautés d’un genre nouveau, c’est-à-dire sans contact physique?

Pour l’enseignant de l’Université de Fribourg, Internet présente un aspect fort positif. Il contraint les sectes à beaucoup plus de transparence. En effet, sur le réseau, on peut trouver aussi bien des sites animés par des adeptes, que par des adversaires. Et ces derniers ne se gênent pas pour diffuser des documents internes, notamment concernant l’Eglise de Scientologie.

Ian Hamel

(1) Jean-François Mayer a déjà publié un petit document d’une vingtaine de pages intitulé: «Les nouveaux mouvements religieux à l’heure d’Internet».

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