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Obama accueille l’Asie du sud-est, la Chine dans tous les esprits

(Keystone-ATS) Barack Obama a accueilli lundi en Californie les dirigeants de dix pays d’Asie du sud-est réunis au sein de l’Asean. Le président américain souhaite à travers ce sommet inédit contrebalancer le poids de la Chine en Asie-Pacifique.

Dès la cérémonie d’ouverture, M. Obama a insisté sur la nécessité de respecter le droit international et de résoudre les disputes de manière “pacifique et par des moyens légaux”, dans une allusion aux contentieux territoriaux qui opposent nombre des pays de l’organisation régionale à Pékin en mer de Chine méridionale.

La Chine y mène d’énormes opérations de remblaiement d’îlots, transformant des récifs coralliens en ports, pistes d’atterrissage et infrastructures diverses. Cela a attisé les tensions avec les pays voisins (Vietnam, Taïwan, Philippines, Malaisie, Brunei) qui redoutent un coup de force.

Ce sommet inédit se déroule dans la somptueuse propriété Sunnylands de Rancho Mirage, véritable oasis à 160 km à l’est de Los Angeles.

“Il fait froid là-bas, il neige”, a lancé M. Obama, tout sourire, en évoquant Washington. “Bienvenue à Sunnylands, où il fait si bon”, a-t-il ajouté lors d’une brève allocution avant la première séance de travail.

Il y a près de trois ans, le lieu avait accueilli une rencontre informelle entre M. Obama et son homologue chinois Xi Jinping. Les diplomates américains assurent aujourd’hui la main sur le coeur que le sommet actuel n’est en aucun cas un sommet “anti-Chine”. Mais le géant asiatique sera, à de nombreuses reprises, au centre des discussions.

“Pivot” de l’Amérique

Le président américain essaye “de créer en environnement stratégique qui force la Chine à respecter les règles”, décrypte Ernest Bower, du Center for Strategic and International Studies.

Evoquant les attentats de Jakarta revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), le président américain a appelé au renforcement de la coopération anti-terroriste, en particulier dans l’échange de renseignements.

Les dix pays membres de l’Asean, qui, ensemble, représentent la 7e économie du monde, sont la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, l’Indonésie, les Philippines, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge.

Pour l’exécutif américain, la rencontre est un moyen d’afficher la solidité des liens avec l’Asean avant le départ d’Obama, en janvier 2017. Des déplacements présidentiels au Vietnam et Laos, prévus cette année, devraient renforcer le message.

Jugé trop petit et trop hétérogène pour être un acteur de poids, ce groupe régional a longtemps été négligé par Washington. Mais M. Obama en a fait, depuis son arrivée au pouvoir en 2009, l’un des piliers du “rééquilibrage” ou “pivot” de l’Amérique vers l’Asie qu’il défend inlassablement.

Selon des diplomates, l’un des objectifs du sommet, qui s’achèvera mardi, est d’adopter une position commune sur ce sujet sensible.

Des enjeux à La Haye

La Cour permanente d’arbitrage, qui siège à La Haye, devrait se prononcer dans les mois qui viennent sur la légalité des revendications chinoises. Un soutien uni de l’Asean à la décision de la Cour – quelle qu’elle soit – ferait monter d’un ton la pression sur Pékin, qui a rejeté par avance la validité de cet arbitrage.

“L’espoir est que, à terme, les Chinois craignent d’être de plus en plus isolés sur cette question et évoluent pour ne pas être perçus comme un pays paria qui ne respecte pas le droit international”, explique Ernest Bower.

En coulisses, les tractations sont intenses: Pékin courtise assidûment les pays avec lesquels il n’a pas de contentieux maritimes – au premier rang desquels le Cambodge et le Laos – pour qu’ils poussent en faveur d’une position la moins tranchée possible.

Au-delà d’une éventuelle déclaration commune à l’issue de ce sommet californien, la Maison Blanche sait que cette rencontre est d’abord une affaire de symboles. “Nous voulons faire clairement passer le message que les Etats-Unis seront à la table des discussions et contribueront à fixer les termes du débat en Asie Pacifique dans les décennies à venir”, résume Ben Rhodes, proche conseiller de M. Obama.

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