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Paris: huit ans de prison pour une femme partie en Syrie

Le parquet avait requis six ans de prison contre la prévenue (Keystone archives/cliché symbolique). KEYSTONE/AP/MICHEL EULER sda-ats

(Keystone-ATS) Une femme de 37 ans, qui avait séjourné pendant neuf mois en Syrie avec ses trois jeunes enfants en 2017, a été condamnée mercredi soir à Paris, en France, à huit ans d’emprisonnement. La peine est assortie d’une période de sûreté des deux tiers.

Elle est supérieure aux réquisitions du parquet, qui avait demandé six ans de prison contre l’Italo-Marocaine, jugée pour association de malfaiteurs à visée terroriste et soustraction d’enfants.

Pour le tribunal correctionnel, c’est la “seule peine adaptée” au comportement de la prévenue et à sa “dénégation absolue des faits” qui est allée “jusqu’à nier les évidences de ce dossier”.

En mars 2017, après les attentats sanglants en France et notamment celui de Nice, près de son domicile d’Antibes, elle avait rejoint la Syrie, emmenant avec elle sa fille de 9 ans et ses deux garçons de 7 et 5 ans.

“C’était un départ préparé, dissimulé et pensé comme définitif”, a estimé le tribunal. Cette femme déjà mariée y rejoignait “un combattant”, avec lequel elle entretenait une relation en ligne et qu’elle a épousé à son arrivée dans la région d’Idleb.

Liens avec Al-Qaïda

Si le groupe rebelle islamiste auquel il appartenait, Ahrar al-Cham, ne figure pas sur la liste des organisations terroristes établie par les instances internationales, il avait des “liens opérationnels avec Al-Qaïda” et peut donc être qualifié de groupe terroriste en droit français, a considéré le tribunal.

La femme était revenue en Turquie en décembre 2017, enceinte de sept mois, avant d’être expulsée vers l’Italie et incarcérée en France en vertu d’un mandat d’arrêt.

La mère de famille était en possession de documents officiels d’Ahrar al-Cham et son téléphone contenait des photographies de propagande djihadiste, d’exactions et d’armes, ainsi que d’enfants morts et d’enfants soldats.

Longs cheveux noirs attachés, cette fille d’architecte, qui a fait des études de philosophie et de sociologie puis une école d’hôtellerie au Maroc, a peiné à expliquer son périple syrien pendant l’audience. Elle a assuré avoir voulu fuir sur un “coup de colère” son mari, un Italien converti à l’islam, soi-disant violent et jaloux.

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