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Pas de cellules de dégrisement dans le canton de Fribourg

Les cellules de dégrisement (ici un exemple zurichois) sont jugées trop coûteuses pour le faible volume de cas du canton de Fribourg. KEYSTONE/STEFFEN SCHMIDT sda-ats

(Keystone-ATS) Fribourg ne créera pas de cellules de dégrisement pour prendre en charge les personnes ivres ou droguées. Le nombre de cas dans le canton est trop faible pour justifier un tel système, selon un rapport présenté jeudi au Grand Conseil.

Une cellule ou unité de dégrisement est un local dans lequel est placée une personne en état d’ivresse, au sein d’un poste de police, d’une prison ou d’un hôpital. Il peut être très simplement aménagé, ou alors disposer d’un équipement spécial.

Le Conseil d’Etat a analysé son éventuelle utilité pour le canton, à la suite d’un postulat déposé par le député UDC Stéphane Peiry. Ce dernier voyait là un moyen de désengorger les urgences et de limiter les risques sécuritaires. Il proposait de suivre le modèle zurichois, et de faire financer la structure par ses utilisateurs.

Autres cantons observés

Le rapport ne s’arrête pas au modèle zurichois (structure de type carcéral). Il examine aussi les cas vaudois (structure hospitalière) et bâlois (collaboration police-hôpital), ainsi que des exemples français, allemand et britannique. Et il prend en compte les réflexions menées récemment sur le plan fédéral, a précisé Erwin Jutzet, conseiller d’Etat en charge de la sécurité et de la justice.

Au vu des expériences dans les autres cantons, un autofinancement pour les frais de sécurité et d’hébergement est illusoire. Souvent, les émoluments perçus ne permettent pas de couvrir les coûts. Et l’encaissement auprès des personnes concernées est difficile, comme le montre l’exemple zurichois (plus de 40% de factures impayées).

Quant aux frais médicaux: les faire payer aux personnes placées en cellule de dégrisement irait à l’encontre du principe de solidarité ancré dans la LAMal. De plus, il serait injuste d’appliquer une telle démarche uniquement pour l’alcool et la drogue, en ignorant les autres comportements nuisibles à la santé (tabac, par exemple).

Prévention

Pour Fribourg, le coût d’une unité spécifique serait supérieur aux bénéfices escomptés, répond l’exécutif cantonal. Il s’avère que ni la police ni l’Hôpital fribourgeois (HFR) ne sont engorgés par les intoxications alcooliques.

Environ 600 personnes par an arrivent aux urgences dans une telle situation, qui n’implique pas toujours une hospitalisation. HFR Fribourg enregistre un cas par jour, HFR Riaz un tous les deux jours, et HFR Tavel un tous les quatre jours.

Le Conseil d’Etat préfère se concentrer sur les mesures de prévention et d’intervention précoce. Il propose des pistes: améliorer la formation du personnel soignant, renforcer la collaboration interdisciplinaire, et émettre des directives claires.

Il évoque aussi la création d’un “box sécuritaire” pour les cas relevant de crises psychiques en général, et pas uniquement d’intoxications alcooliques.

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