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Plus de 90 prisonniers politiques libérés au Nicaragua

Parmi les détenus libérés figurent 13 des 14 membres du groupe arrêté le 14 novembre pour avoir tenté de donner de l'eau à des femmes en grève de la faim pour demander la libération "de tous les prisonniers politiques". KEYSTONE/AP/GR sda-ats

(Keystone-ATS) Nonante-et-un opposants au président Daniel Ortega, dont la jeune belgo-nicaraguayenne Amaya Coppens, ont pu sortir de prison lundi. Ils pourront bénéficier d’un régime de détention à domicile, ont annoncé lundi les autorités du Nicaragua.

Le ministère nicaraguayen de l’Intérieur, en charge de l’administration pénitentiaire, a annoncé dans un communiqué “le retour dans leurs foyers”, sous le régime de détention à domicile, de 91 détenus. Ces libérations ont été obtenues grâce notamment aux démarches du pape François, du nonce apostolique (ambassadeur du Vatican) à Managua Waldemar Stanislaw Sommertag et du Comité international de la Croix Rouge (CICR), a indiqué le communiqué.

Le secrétaire exécutif de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) Pablo Abrao s’est félicité sur Twitter de la “bonne nouvelle” de la libération de “prisonniers politiques”.

Parmi les détenus libérés figurent 13 des 14 membres du groupe, dont Amaya Coppens, arrêté le 14 novembre pour avoir tenté de donner de l’eau à des femmes en grève de la faim pour demander la libération “de tous les prisonniers politiques”.

“Je sens un mélange de joie de voir ma famille, et de colère en voyant comment (mes deux frères) ont été agressés il y a quelques jours” par des hommes armés alors qu’ils participaient à une manifestation pacifique, a déclaré la jeune opposante peu après son arrivée à Esteli (nord du Nicaragua), sa ville natale. Elle a été libérée après 46 jours de détention dans la prison redoutée de El Chipote à Managua, réputée pour être un centre de tortures.

“Noël sans prisonniers politiques”

Amaya Coppens, une leader étudiante de 25 ans dont le domicile est placé sous étroite surveillance, a annoncé qu’elle continuerait de réclamer “liberté, justice et démocratie pour le Nicaragua”. La jeune belgo-nicaraguayenne avait été arrêtée une première fois en septembre 2018 pour sa participation aux manifestations contre le président Daniel Ortega, au pouvoir depuis près de 13 ans et accusé par l’opposition d’être un dictateur corrompu.

L’opposition a lancé une vaste campagne pour réclamer un “Noël sans prisonniers politiques”. Au 27 décembre, il y avait 148 opposants détenus dans les prisons nicaraguayennes, selon la plateforme de l’opposition Alliance civique pour la justice et la démocratie (ACJD).

D’après la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH), la violente répression des manifestations de 2018 avait fait au moins 328 morts, abouti à des centaines d’incarcérations, et poussé à l’exil environ 88’000 personnes. La crise a également provoqué une profonde récession économique dans ce petit pays, l’un des plus pauvres d’Amérique latine.

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