Les milieux d’affaires suisses votent Alckmin

Au Brésil, les hommes et femmes d’affaires suisses semblent déjà avoir choisi «leur» candidat pour la présidentielle... de 2006.
Geraldo Alckmin, gouverneur de l’Etat de São Paulo, semble se poser comme le principal challenger de Lula, qui doit briguer la réélection.
Ils sont venus, ils sont presque tous là. Une centaine de membres de la Swisscam, la Chambre de commerce suisse, se sont pressés vendredi dernier dans le salon d’un hôtel de São Paulo, la capitale économique du pays, pour rencontrer et écouter l’étoile montante de la politique brésilienne.
Souriant mais toujours ferme, Geraldo Alckmin les a séduit grâce à un langage sans détour, allié à un profil de gestionnaire rassurant, emprunt d’une grande modération.
Surnommé «glace à l’eau»
«C’est ‘notre’ gouverneur. Je ne vote pas ici, mais si je votais, il serait mon candidat», affirme sans ambages Romeo Braun, un des pionniers de l’implantation de Nestlé au Brésil, et ancien directeur de l’usine d’Araras, devenue la plus importante fabrique de café soluble au monde.
Le «poids» et la fortune politique de Geraldo Alckmin ont considérablement augmenté lors des élections municipales du mois dernier.
Même s’il n’était pas candidat, il a donné un sérieux coup de main au candidat de son parti (social démocrate) José Serra pour battre la maire sortante Marta Suplicy, du même parti des travailleurs que le président Lula.
Parfois chahuté par les humoristes qui le surnomme «glace à l’eau» (sans odeur et sans saveur NDLR), Alckmin a récemment peaufiné son style.
Il s’est même permis quelques phrases d’effet devant le parterre d’hommes et de femmes d’affaires de la communauté suisse et brésilienne locales.
«Le mot-clé, c’est l’efficacité» explique t-il, en donnant l’exemple de l’usage des transactions business-to-business (B2B) par Internet pour réduire les frais généraux de son gouvernement.
«Le gouvernement électronique (e-government), c’est un vaccin contre la corruption», assène cet ancien anesthésiste.
Mouiller la chemise
«Il a surpris par sa bonne humeur», relève Ernesto Moeri, président de la Swisscam, qui souligne aussi le «sérieux et la compétence» du probable présidentiable de l’opposition. Un sentiment d’ailleurs quasi unanime parmi l’assistance.
Les intérêts économiques suisses au Brésil sont variés, de l’agroalimentaire aux finances, en passant par la recherche et la construction civile.
De nouveaux créneaux pourraient également s’avérer porteurs, comme les biocarburants et l’exportation d’éthanol (alcool de canne à sucre), dont l’Etat de São Paulo est le principal producteur.
Les grandes lignes de la politique du gouvernement actuel, marquée par une grande orthodoxie en matière budgétaire, ne sont certes pas pour déplaire aux investisseurs suisses.
Certains secteurs, comme l’industrie pharmaceutique, ont cependant été échaudés ou déçus par les directives mises en place. Et d’une manière générale, les milieux d’affaires ne cachent pas leur préférence pour Alckmin.
Mais que lui manque t-il pour acquérir une stature d’envergure nationale, face à un Lula dont la popularité reste encore élevée à mi-mandat, demande avec insistance l’auditoire ?
«Il faut mouiller sa chemise», précise t-il à swissinfo, après une première réponse évasive. La campagne pour la présidentielle d’octobre 2006 semble bel et bien avoir commencé avant l’heure.
swissinfo, Thierry Ogier à São Paulo
– Geraldo Alckmin est né en 1952 à Pindamonhangaba, Etat de São Paulo.
– Il a suivi des études de médecine (Aanesthésie) à l’Université de Taubaté.
– Sa carrière politique a débuté en 1972.
– Elu comme gouverneur de l’Etat de São Paulo en 1998, il a été réélu en 2002 pour le mandat 2003-2006.

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