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Le gouvernement met le paquet pour la libre circulation

Doris Leuthard (à g.), Micheline Calmy-Rey et Eveline Widmer-Schlumpf ont sorti l'artillerie lourde. Keystone

La Suisse «n'a pas de plan B» en cas de refus de la reconduction de la libre circulation des personnes avec l'UE et son extension à la Roumanie et à la Bulgarie. Gouvernement et cantons recommandent le «oui» pour la votation du 8 février prochain.

Ce scrutin est capital pour la place économique et la prospérité du pays. Le gouvernement en est si convaincu qu’il a dépêché ses trois conseillères fédérales mardi devant la presse pour défendre le seul et unique objet sur lequel le peuple aura à se prononcer le 8 février.

Eveline Widmer-Schlumpf, Doris Leuthard et Micheline Calmy-Rey sont donc montées au créneau pour contrer le référendum de la droite nationaliste. Elles étaient accompagnées du sénateur valaisan Jean-Michel Cina, président de la Conférence des chefs des départements cantonaux de l’économie publique.

«Les bilatérales, c’est notre programme conjoncturel le plus efficace», a affirmé Mme Calmy-Rey. En cas de refus populaire, la Suisse devra dénoncer l’accord sur la libre circulation avant le 31 mai. Six mois plus tard, le reste du paquet des accords bilatéraux signés avec l’UE tombera.

«Pas de plan B»

«Ce ne sont pas des menaces», a assuré la cheffe de la diplomatie. Mais elle estime qu’on ne peut pas spéculer sur les conséquences d’un refus et que, dans ce cas, «il n’y a pas de plan B».

Et d’ajouter que, contrairement à ce que laisse miroiter la droite nationaliste qui a lancé le référendum, la Suisse se retrouverait en position très affaiblie pour tenter de renégocier avec Bruxelles.

Il faudrait «plusieurs générations de conseillers fédéraux» pour que la Suisse retrouve le niveau actuel des relations européennes, a renchéri Eveline Widmer-Schlumpf. «Nous avons plus à perdre car il ne faut jamais oublier que c’est nous – et non l’UE – qui avons choisi la voie bilatérale», a plaidé la ministre de Justice et Police.

Croissance durable

Quant à Doris Leuthard, elle a insisté elle aussi sur l’importance de la reconduction de la libre circulation des personnes pour l’économie helvétique. Face aux turbulences actuelles et à venir, les accords avec l’UE constituent une sécurité.

La libre circulation a suscité une croissance durable d’au moins 1% du PIB, a relevé la ministre de l’Economie. Cela correspond à 4 à 5 milliards de francs par an.

Le taux de chômage risque de croître l’an prochain pour atteindre 120’000 personnes ou 3%. Cette évolution ne dépend pas de l’immigration, mais de la dégradation économique, a-t-elle jugé.

Clauses de sauvegarde

Ces six dernières années, la Suisse a pu tester la libre circulation des personnes. Tout en affirmant prendre au sérieux les craintes des opposants, les trois ministres ont martelé que les délais transitoires, les clauses de sauvegarde et les mesures d’accompagnement constituent un filet de sécurité.

De même, l’extension de la libre circulation à la Bulgarie et à la Roumanie est assortie de délais transitoires. Jusqu’en 2016, la Suisse pourra maintenir des restrictions à l’immigration. Une clause spéciale permettra ensuite à la Suisse de réintroduire des contingents pendant trois ans en cas d’immigration massive.

Pas de hausse de la criminalité

«Nous n’attendons aucun impact négatif sur la sécurité», a relevé Mme Calmy-Rey. Depuis 2004, Bulgares et Roumains peuvent entrer en Suisse sans visa et aucune incidence sur la criminalité n’a été constatée, d’après elle.

Egalement de la partie, le président de la conférence des directeurs cantonaux de l’économie publique Jean-Michel Cina a rappelé que «les cantons sont persuadés que la Suisse ne peut pas se permettre de se détourner des accords bilatéraux, d’autant que les opposants n’offrent aucune alternative».

swissinfo et les agences

L’accord bilatéral sur la libre circulation des personnes avec les 15 premiers Etats membres de l’UE est entré en vigueur le 1er juin 2002.

En septembre 2005, le peuple suisse a accepté son extension aux 10 pays qui ont adhérés à l’UE en 2004.

L’accord entre la Suisse et l’UE est limité à 2009. Alors que cette dernière le prolongera tacitement, il est soumis au référendum facultatif en Suisse.

Parallèlement à la reconduction de l’accord, la Suisse doit aussi se prononcer sur son extension aux deux nouveaux pays membres de l’UE, la Roumanie et la Bulgarie.

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