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Prison à vie requise contre une mère qui a tué deux de ses filles

(Keystone-ATS) Une femme de 41 ans qui a tué deux de ses filles, âgées de 7 et 8 ans, en janvier 2021 à Gerlafingen (SO) risque la prison à perpétuité. Telle est la sanction requise par l’accusation, mardi, lors du procès tenu à Soleure. Le jugement est attendu vendredi.

L’accusée de nationalité suisse a tué ses victimes dans leurs lits, l’une après l’autre, d’un coup de couteau de cuisine dans le coeur. A travers son acte, elle a voulu “nuire le plus possible” à son mari, a estimé la procureure dans son réquisitoire. Le couple s’était séparé quelques mois avant le drame. Le père avait demandé le divorce.

Frustration et jalousie, selon l’accusation

La mère se sentait déavantagée par rapport à son mari et elle en était jalouse, selon l’accusation. Le fait qu’elle ne s’en soit pas prise à l’aînée n’est pas un hasard, car celle-ci avait été conçue précédemment avec un autre homme. De plus, les deux filles cadettes nécessitaient davantage de prise en charge.

Devant le Tribunal d’arrondissement de Bucheggberg-Wasseramt (SO), plusieurs témoins ont décrit une femme frustrée. La prévenue aurait souhaité s’adonner à des activités plus épanouissantes que celles d’une mère au foyer. “Elle a fait de ses deux plus jeunes enfants l’objet de sa frustration”, a dénoncé la procureure, qui a réclamé une peine de prison à perpétuité pour assassinats.

La défense plaide le double meurtre

Face aux juges, l’accusée a relativisé cette frustration. Elle a décrit ses deux filles cadettes comme “son projet de vie, à l’époque”, mais elle aurait souhaité reprendre les études qu’elle avait interrompues.

L’avocat de la défense a demandé que la peine n’excède pas 13 ans et ce, pour meurtres. “Un acte de cette ampleur a toujours une histoire”, a-t-il soutenu.

Troubles psychiques et enfance traumatisante

Selon une expertise psychiatrique, la prévenue souffre d’un syndrome borderline et d’un trouble de la personnalité histrionique. Son égocentrisme et sa volonté d’attirer l’attention en font partie. Les experts ont recommandé un traitement ambulatoire durant l’exécution de la peine de prison.

Face aux juges, la prévenue a raconté son enfance traumatisante dans la pauvreté, en Amérique du sud. Petite, elle sniffait de la colle dans la rue avec d’autres enfants pour oublier la faim.

Elle a ensuite vécu dans un orphelinat avant d’être adoptée en Suisse à l’âge de 8 ans, sans y être préparée. Marginalisée à l’école, l’accusée a vécu une enfance malheureuse dans une famille adoptive dont la mère était sévère et le père souvent absent.

Délire de reproches contre le père

Le matin du 16 janvier 2021, la mère de famille a pensé à se suicider, mais elle n’a pas voulu laisser ses plus jeunes filles seules, a-t-elle déclaré au tribunal. Selon son avocat, les troubles psychiques de l’accusée lui ont fait penser que celles-ci seraient en danger en vivant chez leur père.

Au cours des semaines qui ont précédé son crime, elle a mis en garde les autorités au sujet de la prétendue dangerosité de son mari. Cette démarche lui vaut d’être aussi accusée de diffamation. La défense réclame un acquittement sur ce point, la prévenue n’ayant pas menti consciemment aux autorités.

L’avocate de la fille aînée de l’accusée réclame pour sa cliente 100’000 francs de réparation pour tort moral ainsi que des indemnités pour les coûts de prise en charge à venir. L’avocate du père des deux victimes exige une réparation de plus d’un million de francs.

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