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Prison ferme requise pour un réseau d’immigration clandestine

(Keystone-ATS) Des peines de six mois avec sursis à huit ans de prison ferme ont été requises jeudi à Lyon contre onze personnes jugées après le démantèlement en 2018 d’une filière d’immigration clandestine entre l’Italie et la France. Ce réseau a permis l’entrée de plus d’un millier de migrants.

Les prévenus, pour la plupart originaires d’Afrique de l’Ouest, comparaissent depuis mardi devant le tribunal correctionnel pour aide au séjour irrégulier en bande organisée et association de malfaiteurs. Ils sont poursuivis pour des rôles de chauffeurs, de rabatteurs ou de commanditaires. Cinq sont détenus, un sixième fait l’objet d’un mandat d’arrêt.

Les peines les plus lourdes, de sept à huit ans de prison ferme, avec interdiction définitive du territoire français, ont été réclamées contre les trois “donneurs d’ordre identifiés dans le dossier”. Ils supervisaient l’ensemble de la filière qui partait de Turin.

1500 entrées

Trois à quatre ans ferme ont été réclamés contre les chauffeurs qui convoyaient les migrants dans des camionnettes surchargées, par les cols et les tunnels des Savoies et des Hautes-Alpes.

Le procureur a en revanche estimé que le loueur de fourgonnette, un ressortissant chinois basé en région parisienne et qui louait les véhicules sans déclaration, n’avait pas forcément “connaissance de l’usage qui allait être fait de ses camions”. Une peine de six mois avec sursis pour seul travail dissimulé a été requise à son encontre.

“Au total, cette organisation a fait rentrer 1500 migrants sur le territoire français, ce qui a représenté de 3,5 à 7 % de l’immigration clandestine d’une année”, a souligné le procureur de la République Olivier Chevet dans son réquisitoire.

Selon lui, les éléments du dossier permettent d’évaluer à un millier le nombre de personnes qui ont été transportées par les routes des Alpes en l’espace de six mois. Un nombre auquel il faut selon lui ajouter environ cinq cents migrants clandestins qui sont passés par la suite par Vintimille et Nice en train.

Un service Uber

A l’argument de l’altruisme, avancé par certains prévenus, M. Chevet a répondu en décrivant une organisation “comparable à une plateforme ou à un service Uber”. “On sait que les parcours de migration sont difficiles et douloureux, les migrants arrivent totalement perdus, ils ont profité de leur situation de vulnérabilité”, a-t-il conclu.

Ces estimations chiffrées, tout comme la notion de “bande organisée”, ont été contestées par la défense. “Des gens ont individuellement pris la responsabilité d’aider des compatriotes mais pas dans une structure hiérarchisée”, a notamment plaidé Me Nathalie Christophe-Matagnon.

Cette affaire porte sur l’organisation de plusieurs dizaines de voyages clandestins, par fourgonnettes puis par trains, de 2016 à 2018, entre Turin et la région parisienne, via les Alpes. Selon l’information judiciaire, les migrants d’origine africaine et en situation irrégulière, devaient payer de 300 à 350 euros pour un trajet. Le jugement est attendu vendredi en fin de matinée.

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