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Quatorze prix Nobel exigent un visa sud-africain pour le dalaï lama

(Keystone-ATS) Quatorze prix Nobel de la paix ont demandé lundi au président Jacob Zuma qu’il intervienne pour que l’Afrique du Sud accorde un visa au dalaï lama. Invité en octobre à un sommet des Nobel de la paix au Cap, le religieux a été déclaré indésirable en raison des pressions chinoises.

C’est la troisième fois que le dalaï lama est traité en indésirable depuis 2009 et l’accession au pouvoir du président Jacob Zuma.

“Nous sommes profondément inquiets des dégâts pour l’image internationale de l’Afrique du Sud qu’aura un nouveau refus – ou impossibilité- de lui accorder un visa”, ont écrit les prix Nobel dans une lettre ouverte au président, exigeant “la délivrance sans condition” d’un visa.

Pour la première fois en Afrique

Le 14e sommet des prix Nobel de la paix doit se tenir au Cap du 13 au 15 octobre, pour la première fois sur le continent africain.

Or, le dalaï lama a renoncé à venir et a été contraint de retirer sa demande de visa après avoir été informé qu’elle était vouée à l’échec, afin de ne pas perturber les amitiés pro-chinoises du gouvernement Zuma.

“Nous comprenons les susceptibilités en jeu mais nous voudrions souligner que sa Sainteté le dalaï lama n’a plus aucune fonction politique et devrait participer au sommet uniquement en sa capacité de dirigeant spirituel mondialement respecté”, ont ajouté ses quatorze collègues, de différentes nationalités, comme l’avocate iranienne Chirine Ebadi, l’ancien président polonais Lech Walesa et l’économiste bangladais Muhammad Yunus.

Intérêts nationaux d’abord

En 2011, le dirigeant spirituel tibétain avait été empêché de participer aux festivités du 80e anniversaire de Desmond Tutu. Très en colère, l’archevêque noir avait accusé le gouvernement d’être “pire que celui de l’apartheid”.

“Cela peut paraître injuste, lâche et même dénué de principes mais la conduite d’une politique étrangère n’a jamais eu à voir avec la morale”, a au contraire récemment défendu un éditorialiste du quotidien pro-gouvernemental “The New Age”.

“Si l’on compare cette visite au besoin de l’Afrique du Sud de créer des emplois, d’exporter et de garder sa place au sein des BRICS (le bloc des pays émergents formés avec la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil), il est facile de voir que le dalaï lama a très peu de chance de remettre jamais les pieds par ici”, ajoutait-il

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