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Rock around the swiss clock

Yello en 1980. Des Suisses qui ont conquis le monde. (image tirée du livret) El grupo Yello en 1980, suizos que conquistaron el mundo. (Foto sacada del álbum)

«Swiss Pop & Rock Anthology, des origines à 1985», c'est le titre d'un coffret de 5 CD que publient la Fondation Suisa et swissinfo/Radio Suisse Internationale.

Une compilation de 110 chansons qui démarre avec les Hula Hawaiians pour finir avec les Young Gods.

1957… Cette année-là, un certain John Lennon fait la connaissance d’un autre petit gars de Liverpool, Paul McCartney. Cette année-là, Paul Anka effectue sa première prestation télévisée. Et «West Side Story» commence sa carrière à Broadway.

A Bâle, le groupe «Hula Hawaiians» publie un «Chimpanzee Rock» largement pompé à Bill Haley et ses Comets. Le rock suisse est né!

1957… C’est à cette date que s’ouvre l’anthologie «Swiss Pop & Rock», qui se clôt en 1985. Si plusieurs albums de compilation ont déjà esquissé l’histoire du rock helvétique, c’est la première fois que cette approche est réalisée avec une telle ampleur et une telle qualité: 370 minutes de musique, 110 titres remastérisés, dont plus de la moitié n’avaient encore jamais été proposés en disque compact.

Sixties fourre-tout!

Le premier album, «Beat», nous offre une plongée dans les swingin’ sixties version helvétique. Un certain nombre de groupes romands la jouent très Golf Drouot: Les Faux Frères avec une reprise de «Be bop A Lula», ou Les Aiglons avec leur inénarrable «Stalactite» estampillé «Shadows»!

Des Faux-Frères naîtront les chanteurs Jean-Pierre Ska et Gaston Schaeffer. Et des Aiglons le contrebassiste Léon Francioli…

Côté suisse alémanique, on constate déjà la présence de Polo Hofer qui, dans le cadre de Polo’s People, chante encore en anglais… Ou celle de Suzanne Klee, qui avant de bifurquer country, avait manifestement opté pour la variété sucrée.

Au rendez-vous également, bien sûr, Toni Vescoli, plus baba que yéyé, qui, avec ses «Sauterelles», signa notamment le tube «Heavenly Club» en 1968.

Le ton se durcit

La suite du parcours est plus thématique. «Rock» démarre avec le début des années 70. Les petits Suisses ont appris à employer les décibels. Ainsi, en 1971, Toad, avec «Stay», se situe quelque part entre Black Sabbath et Cream.

«Toad», dont le chanteur, Mark Storace, deviendra la voix des fameux Krokus, véritables stars dans les années 80. Parmi les groupes suisses alémaniques à gros son, on peut encore signaler Tea , Tusk ou Irrwish…

Le rock dit progressif est également de la partie: «You’re Still A Part Of Me», tendance Shankar-Harrison, est signé Krokodil, les champions du genre du côté de Zurich. Un groupe qui était mené par le chanteur Hardy Hepp, l’un des membres du comité qui a présidé à la sélection des titres de cette anthologie.

L’album «Wave» joue la carte punk et new-wave. On y trouve des groupes énervés aux noms souvent aussi inspirés qu’oubliés: «Kleenex», «Nasal Boys», «Sperma», «Yodler Killers» ou «TNT» (avec ici un titre de 43 secondes, «Züri brännt»!).

Mais aussi quelques groupes moins fugaces, tels les Romands des Tickets ou bien sûr, un certain Stephan Eicher qui, depuis ses «Filles du Limmatquai» (1982), a parcouru un certain chemin.

A noter également la présence de quelques autres perles: Dieter Meier pré-Yello se prenant pour Billy Idol («Cry For Fame», 1978) ou les historiques Young Gods («Envoyé», 1985).

Main stream & «Mundart»

L’album «Pop» est celui des chansons calibrées radio. Y figurent les vedettes alémaniques locales (Hanery Amman, Bo Katzman Gang, Betty Legler, Olivia Gray) et celles qui ont rayonné au niveau international (Phil Carmen, Yello, Double, Stephan Eicher).

Quelques comètes romandes également: Constantin et son très déjanté «Switzerland Reggae» (1982), ou les Needles («Love Song»), 1985.

Mais alors qu’un album entier («Mundart») est consacré à la chanson en dialecte(s) alémanique(s) (de Peter Hinnen à Züri West en passant par Die Minstrels, Rumpelstilz, Toni Vescoli ou Span), on constate que la chanson «pop» romande est totalement passée sous silence. Pascal Auberson? Inexistant. Jean-Pierre Huser, et sa fameuse «Rivière»? Inconnu au bataillon.

Un déséquilibre dans la sélection qui agacera évidemment les Suisses francophones, dont la susceptibilité minoritaire est légitimement sensible… Mais au-delà de cette remarque, force est de constater que l’éventail de cette anthologie, qui sort le 17 janvier, est large et réussi.

Cinq disques qui permettent de constater que si nombre d’artistes helvétiques se sont cantonnés à vivre dans le sillage des courants anglo-saxons, quelques-uns ont su développer avec talent leur propre monde.
A quand une anthologie post 1985?

swissinfo/Bernard Léchot

«Swiss Rock & Pop» (Suisa Disc), 5 CD, sortie le 17 janvier 2003. Distribution: Sound Service, case postale 10, 3073 Gümligen, téléphone 031/ 950 68 68

«Swiss Pop & Rock Anthology, des origines à 1985» propose 110 titres remasterisés.

On y retrouve un certain nombre de stars mais également moult raretés.

Au total, 370 minutes de musique!

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