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Référendum en Azerbaïdjan pour élargir les pouvoirs du président

Les électeurs ont dû se prononcer sur une modification de la Constitution censée accorder des pouvoirs accrus au président Ilham Aliev (g) (archives). KEYSTONE/AP RIA Novosti Kremlin Press Servic/ALEXEI DRUZHININ sda-ats

(Keystone-ATS) L’Azerbaïdjan a organisé lundi un référendum contesté par l’opposition et les groupes de défense des droits de l’Homme. Les électeurs ont dû se prononcer sur une modification de la Constitution censée accorder des pouvoirs accrus au président Ilham Aliev.

Les bureaux de vote ont fermé à 19h00 locales (17h00 en Suisse), la commission électorale centrale annonçant un taux de participation de 63,3% à 17h00. Les amendements, qui ont déjà été approuvés par la Cour constitutionnelle du pays, doivent notamment étendre le mandat présidentiel à sept ans, contre cinq actuellement, et créer des postes de Premier vice-président et vice-président.

Des groupes d’opposition ont organisé des protestations avant la tenue du référendum, dénonçant les tentatives du président Aliev de conserver la mainmise de sa famille sur cette ancienne république soviétique du Caucase riche en pétrole.

Les amendements proposés bouleverseraient profondément l’équilibre des pouvoirs en donnant des pouvoirs “sans précédent” à Ilham Aliev, s’est inquiétée avant le vote la Commission de Venise, l’organe consultatif d’experts constitutionnalistes du Conseil de l’Europe.

“Ces changements constitutionnels sont destinés à renforcer la concentration des pouvoirs dans les mains d’une seule famille”, a regretté Isa Gambar, dirigeant du mouvement d’opposition Musavat.

Liberté d’association menacée

Les amendements abaissent ainsi l’âge minimum requis pour pouvoir se présenter à la présidentielle à 35 ans, ouvrant potentiellement la voie au fils d’Ilham Aliev, Haïdar, pour prendre la succession de son père.

Amnesty International a pour sa part estimé que “les amendements mèneront à des violations de la liberté d’association”, et dénoncé “les arrestations et l’intimidation” ayant accompagné la campagne du référendum.

Si le oui l’emporte, le Premier vice-président deviendra le deuxième poste le plus important de l’Etat à la place du Premier ministre. Le président pourra aussi convoquer à sa convenance des élections anticipées.

Nombreux soutiens

Dans les bureaux de vote de la capitale, beaucoup d’électeurs ont déclaré leur soutien à ces changements constitutionnels, mettant au crédit d’Ilham Aliev la stabilité politique du pays.

“J’ai voté en faveur des changements constitutionnels parce qu’ils sont proposés par notre président. J’ai confiance en lui et je pense que ce qu’il propose est bon pour l’Azerbaïdjan”, a déclaré Lala Khalilova, une institutrice de 46 ans.

“Il n’y a pas eu de débat. Cela sert uniquement à étendre le règne d’Aliev. J’ai voté contre, il n’y a pas de leader à vie dans les pays démocratiques”, a toutefois déclaré Oussif Assadov, un vendeur de 39 ans.

Mandats illimités

Le président Ilham Aliev, 54 ans, dirige d’une main de fer l’Azerbaïdjan depuis le décès en 2003 de son père Haïdar, lui-même à la tête du pays depuis 1993.

Il peut se présenter pour un nombre illimité de mandats depuis qu’un référendum contesté a supprimé la limite de deux mandats consécutifs en 2009.

Les ONG de défense des droits de l’Homme dénoncent régulièrement le régime du président Ilham Aliev, toute contestation provoquant aussitôt selon elles une réaction sévère des autorités.

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