
A Bâle, la terre tremblera à nouveau
Des scientifiques suisses et français ont découvert la faille géologique à l'origine du tremblement de terre qui a ravagé Bâle en 1356. Elle est toujours active, 645 ans après avoir provoqué le séisme le plus dévastateur que l'Europe centrale ait jamais connu.
La région bâloise est frappée tous les 1500 à 2500 ans par des séismes similaires à celui de 1356, indiquent les chercheurs dans l’étude présentée jeudi à Bâle. Et il n’est pas possible de prédire en toute certitude le prochain tremblement de terre, précisent-ils.
Le modèle sismique proposé par les experts offre à la région un intervalle de temps suffisant pour sauvegarder les infrastructures et établir des consignes d’urgence. «Nous devons prendre nos précautions dès maintenant», souligne Domenico Giardini, directeur du Service sismologique suisse.
Entre 50 et 80 milliards de francs de dégâts
Toute activité sismique dans la région représente un danger pour la population en raison de la présence d’industries nucléaires et chimiques. Un tremblement comparable à celui de 1356 engendrerait aujourd’hui des dégâts estimés entre 50 et 80 milliards de francs.
Si les bâtiments des industries semblent dimensionnés pour résister à un tel séisme, il provoquerait à l’évidence d’importants dommages aux autres immeubles de la cité. Les chercheurs estiment que 4% des maisons de Bâle et de la région seraient totalement détruites et 20% deviendraient inhabitables.
Une faille bien cachée
La recherche de l’origine exacte du tremblement de 1356 n’a pas été facile. La faille est partiellement cachée par d’épaisses forêts et on n’enregistre que très rarement une activité sismique dans la région, soulignent les chercheurs.
Pour trouver la faille, les scientifiques se sont penchés sur les écrits d’un prêtre d’Avignon. Il avait notamment décrit d’importantes fissures dans le sol lors d’un voyage dans la région bâloise à l’époque du tremblement de terre.
La faille active se caractérise au niveau du sol par une échine ou escarpement. Elle a provoqué trois ruptures successives qui ont soulevé la surface terrestre de 1,8 m au cours des 8500 dernières années, indiquent les experts.
Huit kilomètres
A partir du Jura, la faille s’étend sur au moins 8 km. Elle se prolonge vers le nord-est, franchit une vallée d’effondrement au sud du Rhin, puis traverse la plaine de la Vallée de la Birse pour atteindre les limites sud de la banlieue de Bâle.
Il est possible que la faille Bâle-Reinach continue encore plus au nord à travers la ville et plus profondément au sud vers la chaîne du Jura. Elle fait partie d’une «couche séismogénique» plus importante, estiment les chercheurs.
L’équipe scientifique à l’origine de cette découverte est dirigée par Mustapha Meghraoui, de l’université de Strasbourg. Il est assisté notamment par Domenico Giardini et Peter Huggenberger de l’université de Bâle. Ses conclusions viennent d’être publiées dans la revue américaine Science.
Terreur au Moyen Age
Le tremblement de terre du 18 octobre 1356 est considéré comme le pire que l’Europe centrale ait connu. La ville de Bâle et sa région ont été dévastées par deux puissantes secousses, selon les chroniques de l’époque.
Les textes parlent d’un premier tremblement à «l’heure du souper», soit vers 19 heures. La deuxième secousse, encore plus forte, s’est produite «à l’heure du coucher», probablement vers 22 heures.
Entre 30 et 40 châteaux médiévaux se sont écroulés dans la zone la plus frappée par le séisme. Des nombreuses églises et des clochers se sont effondrés dans un rayon de 200 km autour de l’épicentre.
Le séisme a atteint des niveaux d’intensité de 9 à 10 sur l’échelle de Mercalli qui en compte 12, soulignent les experts. Soit une magnitude comparable à celle du tremblement de terre qui a frappé Izmit (Turquie occidentale) il y a deux ans.
La même faille est à l’origine du séisme qui a détruit la cité romaine d’Augusta Raurica vers 250 après J.-C. Sur la base de datations au carbone 14, les chercheurs peuvent affirmer qu’un troisième séisme avait déjà frappé la région entre 850 et 6480 avant J.-C.
swissinfo avec les agences

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