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La vie secrète des tiques mise à jour

L'ixodes ricinus, commune en Europe, ne possède pas d'yeux mais s'active surtout la nuit. Université de Neuchâtel

Après avoir filmé une colonie de tiques, un doctorant de l'Université de Neuchâtel a percé le secret de leurs déplacements. Une première mondiale.

Les conditions climatiques ainsi qu’une bactérie déterminent leurs courses, souvent nocturnes.

Comme chaque fin d’hiver, les tiques se rappellent à notre mauvais souvenir! Juchés sur des brins d’herbe, ces parasites sont à l’affût d’un hôte pour se gorger de son sang. Et, le cas échéant, lui transmettre des virus ou des bactéries.

Mais jusqu’à l’expérience réalisée par le biologiste Jean-Luc Perret, la vie des tiques était mystérieuse.

Ainsi, le chercheur neuchâtelois ne comprenait pas pourquoi les tiques apparaissent certaines années en février plutôt qu’en mars. Ou carrément en automne. Ni, d’ailleurs, pourquoi leur population variait d’une année à l’autre.

«Depuis 1996, nous menons des observations dans dix endroits de Suisse occidentale. Nous avons remarqué, que la densité des tiques dépendait du climat, explique le parasitologue. Et plus particulièrement de la température hivernale.»

Les tiques grimpent sur les herbes dès le mois de février si le thermomètre affiche une moyenne de 4 degrés en janvier. Mais si la température tombe en dessous de -2 degrés, elles n’apparaissent qu’en mars.

Le Loft version tiques

Pour mieux comprendre ce phénomène, le doctorant neuchâtelois a donc enfermé une quarantaine de ces arthropodes dans un espace clos transparent. Et, pendant dix jours, il les a filmés pour mesurer l’ampleur de leurs déplacements.

Il a ensuite fait varier la température et l’humidité dans l’enceinte. Qui, par ailleurs, recrée artificiellement le biotope de la tique: brins d’herbes (rainures en plastique) et humus (coton humide).

«A notre grande surprise, nous avons découvert que les tiques avaient une vie secrète la nuit. Elles sont bien plus actives que le monde scientifique ne le pensait. Elles interrompent donc souvent leur quiescence (la réhydratation au sol qui dure vingt-quatre heures environ) pour se déplacer.»

Des cellules photosensibles

Mais, alors, comment expliquer que l’espèce commune en Europe, l’ixodes ricinus, qui ne possède pas d’yeux, s’active la nuit de préférence?

C’est, en fait, la deuxième découverte neuchâteloise. Les tiques réagissent bel et bien à la lumière. Le professeur de physiologie animale Peter-Allan Diehl et sa collaboratrice Michèle Vlimant ont en effet décelé des cellules photosensibles sur les flancs de l’animal.

Les performances nocturnes des parasites varient aussi d’un individu à l’autre. De quelques centimètres à une dizaine de mètres. Mais surtout selon le degré d’humidité de l’air.

«En moyenne, les déplacements peuvent doubler lorsque l’humidité de l’air diminue, précise Jean-Luc Perret. Elles recherchent le lieu idéal pour la quête. C’est-à-dire un endroit où elles pourront stationner le plus longtemps possible.»

Le chercheur a encore constaté que, dans des conditions sèches, les nymphes restaient à l’affût pendant vingt heures seulement. Mais jusqu’à quarante heures sitôt que l’humidité et la température augmentent.

Maladie de Lyme

«On a aussi constaté que l’alternance des comportements de quête et de quiescence était influencée par une bactérie, la Borrelia Burgdorferi. Dans une atmosphère sèche, si la tique est infectée, elle se déplace plus souvent et quatre fois plus loin que les tiques saines.»

Cette bactérie est plus connue comme l’agent infectieux de la maladie de Lyme chez l’homme. Ses symptômes vont de simples rougeurs à l’apparition de troubles neurologiques importants, allant jusqu’à l’arthrite.

«Ce comportement permet aux tiques infectées de trouver un hôte rapidement durant le printemps, selon Jean-Luc Perret. La bactérie doit en effet pouvoir infecter une autre tique aussi vite possible. Et ainsi conserver un cycle de reproduction optimal.»

swissinfo, Anne Rubin

– Larve, nymphe et adulte, la tique traverse trois stades.

– Elle doit prendre un repas de sang pour passer au stade suivant.

– Mais elle ne se nourrit que trois fois dans sa vie.

– Elle peut vivre plusieurs années.

– Contrairement aux idées reçues, elle ne vit pas dans les arbres.

– La larve préfère les mulots ou les oiseaux.

– La nymphe s’accroche aux petits mammifères.

– La tique adulte est adepte d’animaux plus grands, cervidés ou humains.

– Ce n’est pas un insecte mais un arthropode.

– Elle est cousine des araignées et des acariens.

– Un conseil: retirer aussi vite que possible les tiques accrochées et désinfecter aussitôt.

– La tête ne peut rester dans la peau. C’est un mythe.

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