
Sommet social de Genève: les ONG suisses sont sceptiques

Les principales ONG suisses d’aide au développement se sont données rendez-vous, mardi, à Berne, pour un séminaire de travail. Une journée en forme de réquisitoire contre la globalisation avant le sommet social de l’ONU qui se tient, fin juin, à Genève.
Réunies au sein d’une Communauté de travail, les plus grosses organisations tiers-mondistes de Suisse (Swissaid, Action de carême, Pain pour le prochain, Helvetas et Caritas) fourbissent leurs armes dans la perspective du sommet social organisé par l’ONU et la Suisse.
Ce mardi, elles devraient dénoncer les méfaits de la globalisation et tirer un bilan négatif des retombées du sommet de 1995 à Copenhague. Un bilan qui sera justement au centre des débats fin juin à Genève.
«On ne peut pas se contenter d’une meilleure prise en compte des questions sociales, martèle Peter Niggli, directeur de la Communauté de travail. On doit changer de politique économique».
Peter Niggli espère que le rendez-vous de Genève permettra «de briser le discours économique dominant basé uniquement sur la croissance et la libéralisation des marchés». Le ton n’est donc pas vraiment à la conciliation parmi les ONG pourtant réputées favorables au dialogue avec les Etats.
Egalement membre de la délégation officielle suisse au sommet social de Genève, Peter Niggli enfonce le clou: «Le gouvernement suisse est apparemment plus ouvert au dialogue que d’autres. Mais dans les faits, il ne diffère pratiquement pas des autres gouvernements du Nord».
Les espoirs que Pascal Couchepin a placés dans le prochain sommet social risquent donc d’être déçus. En partie, du moins.
Le ministre suisse de l’Economie a, en effet, déclaré à propos de la réunion de Genève qu’elle devait contribuer à mettre un terme à une ère de confrontation en ouvrant une discussion constructive sur la dimension sociale de la globalisation.
Cela dit, on voit mal comment les tenants d’une réforme radicale de l’économie mondiale (les ONG) et les adeptes de mesures sociales d’accompagnement (les gouvernements du Nord) peuvent trouver un terrain d’entente.
Les ONG veulent, en fait, profiter de Genève pour réaffirmer leur position. Et elles ne cachent pas leur scepticisme quant à l’issue de ce sommet. En outre, il ne faut pas s’attendre à une scission entre ONG radicales et modérées.
Erik Grobet, secrétaire du Comité suisse de l’appel de Bangkok – une coalition d’ONG qui organise un sommet alternatif juste avant le sommet social – précise: «Il existe une volonté claire des gouvernements et des institutions internationales de diviser le mouvement né à Seattle entre les gentilles organisations qui dialoguent et les méchantes qui crient dans la rue. Mais cette division n’existe pas, même s’il y a diversité des points de vue».
Une journée d’action unitaire est d’ailleurs prévue le 25 juin. Elle réunira les ONG qui participent au sommet officiel et celles qui organisent le sommet alternatif.
Frédéric Burnand

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