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Crise à la FIFA, auto goal pour la Suisse?

Josef Blatter et Michel Zen-Ruffinen: rien ne va plus entre les deux Suisses de la FIFA. Keystone Archive

Blatter contre Zen-Ruffinen: les deux Suisses installés au sommet du football mondial sont à couteaux tirés. L'image de la Suisse pourrait en pâtir.

La lutte de pouvoir autour du poste de président de la fédération internationale de football, qui a son siège à Zurich, se poursuit. Lundi, Lennart Johansson, le patron de l’association européenne, a une fois encore appelé à la démission de Josef Blatter.

La position du Suisse, candidat à sa propre succession lors d’un scrutin qui aura lieu à la fin du mois à Séoul, s’est, depuis ce week-end, subitement affaiblie. Le responsable: l’un de ses compatriotes, Michel Zen-Ruffinen, secrétaire général de la FIFA.

Son rapport, présenté vendredi au comité exécutif de la FIFA, est rapidement parvenu aux rédactions. Il accuse le président Blatter d’autoritarisme, de mauvaise gestion et de corruption. Tout en reconnaissant des erreurs, Josef Blatter a vivement réagi, en se défendant de tout comportement malhonnête.

Image en danger

On en là. Les deux Valaisans se font face. C’est Blatter contre Zen-Ruffinen. Et, en Suisse, certains commencent à s’inquiéter des possibles conséquences de ce duel au sein de la FIFA. C’est notamment le cas de Peter Vollmer, conseiller national socialiste.

«Jusqu’à maintenant la Suisse était très bien située sur le plan sportif international, déclare le député bernois. Car c’est un pays neutre, avec une administration correcte et qui, normalement, ne risque pas d’être confronté à beaucoup de corruption.»

«Ces éléments étaient très importants pour expliquer que des associations donnent à la Suisse des secrétariats, des responsabilités. Maintenant, avec ces événements, je pense que l’image de la Suisse dans ce domaine est vraiment en danger.»

Capitale mondiale du sport

C’est vrai que la Suisse joue le rôle de capitale administrative du sport mondial. «Il n’y a pas de concurrence», souligne Jean-Loup Chappelet, professeur à l’Institut de hautes études en administration publique, à Lausanne.

«Ce n’est pas comme pour l’ONU, avec New York, Vienne et Genève, poursuit ce spécialiste du management et des politiques publiques du sport. Non, pour le sport, c’est essentiellement la Suisse.»

Football à Zurich (FIFA) et à Nyon (UEFA), cyclisme à Aigle, ski dans l’Oberland bernois, hockey sur glace à Zurich, handball à Bâle, etc. Au total la Suisse compte plus d’une trentaine de fédérations ou d’organisations sportives internationales.

Rayonnement du CIO

La plupart, d’ailleurs, sont établies à Lausanne ou dans la région. Le Tribunal arbitral du sport y a également son siège. Ce n’est pas un hasard. Car aux conditions-cadres favorables offertes par la Suisse s’ajoute l’attraction exercée par le CIO, le Comité international olympique, installé depuis 1915 dans la capitale vaudoise.

Sa présence a permis, comme le note Jean-Loup Chappelet, de créer une «masse critique». Mais tout cela n’est pas forcément acquis pour toujours. Ainsi, Lausanne n’a pas réussi à retenir l’Agence mondiale antidopage, qui vient d’installer son siège à Montréal.

Et l’affaire Blatter-Zen-Ruffinen pourrait encore brouiller l’image. «La Suisse n’est peut-être plus ce qu’elle était, avance le professeur Chappelet. Beaucoup de ces organisations se sont installées après-guerre, parce que le reste de l’Europe était ravagée.»

«Maintenant, bien sûr, il y a des endroits tout aussi agréables et qui fonctionnent tout aussi bien que la Suisse. Et puis la Suisse elle-même a évolué. On voit aussi que, finalement, la question de la corruption – pour autant qu’elle soit prouvée à la FIFA – peut aussi se développer en Suisse.»

Plus largement, a t-on affaire à une nouvelle menace pour l’image du pays? Présence Suisse, l’organisme chargé par la Confédération de veiller à la présence de la Suisse dans le monde, n’y croit pas. Et relève que la FIFA, et ses dirigeants, ne sont guère directement assimilables à la Suisse.

Candidature à l’Euro 2008 menacée?

«Nous allons tout de même suivre l’évolution de la situation», note toutefois Alessandro Delprete, le porte-parole de Présence Suisse. Même retenue du côté du gouvernement. Cette affaire est celle de la FIFA, fait-on remarquer au Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports.

Ce n’est pourtant pas tout à fait l’avis de Peter Vollmer. Pour lui, le Conseil fédéral devrait intervenir, afin que la FIFA trouve une solution rapide à cette crise. «Nous sommes en train de préparer une candidature pour l’Euro 2008. La Confédération veut s’engager, le Conseil fédéral a préparé un crédit. C’est une question de politique sportive, une responsabilité des autorités.»

Le socialiste bernois, et par ailleurs capitaine du FC Conseil national, s’inquiète d’ailleurs de l’avenir du projet européen, développé en partenariat avec l’Autriche. «Avec leurs affaires, Monsieur Blatter et Monsieur Zen-Ruffinen ont un effet très négatif sur les chances de la candidature suisse.»

swissinfo/Pierre Gobet, Zurich

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