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Agression raciste à Zurich: l’affaire se dégonfle

Keystone

La Brésilienne trouvée tailladée lundi à Zurich n'était pas enceinte et s'est vraisemblablement automutilée. C'est la piste privilégiée par l'Institut de médecine légale de l'Université de Zurich. L'enquête n'est toutefois pas close.

Le médecin responsable des analyses médico-légales, le professeur Walter Bär, a parlé «d’un cas d’école» devant les médias vendredi à Zurich. Dans tous les livres de médecine médico-légale, on trouve des exemples de telles automutilations.

La Brésilienne a de nombreuses entailles superficielles sur les bras, les jambes, le cou et le ventre. Toutes se trouvent dans des régions du corps qu’elle a pu atteindre elle-même, a expliqué Walter Bär.

Zones sensibles évitées

Aucune blessure ne se trouve dans un endroit particulièrement sensible comme les seins ou le pubis. Toutes sont par ailleurs de forme semblable et ont vraisemblablement été assénées avec une sorte de couteau. A certains endroits on peut lire les initiales SVP (pour Union démocratique du centre / droite nationaliste en allemand), ont constaté les experts.

Ces observations ont été intégrées à l’enquête, a déclaré le commandant de la police municipale zurichoise Philip Hotzenköcherle, qui ne veut tirer aucune conclusion définitive pour l’instant. «Nous continuons à explorer toutes les pistes possibles», a-t-il tenu à préciser. Pour des raisons tactiques, la police ne veut pas donner plus d’information pour l’instant.

La jeune femme a indiqué aux policiers qu’elle a été agressée par trois inconnus dans la gare de Zurich-Stettbach lundi soir. Suite à cela, elle aurait fait une fausse couche dans les toilettes de la gare, a-t-elle raconté. La police a été alertée par une personne à qui la femme a demandé de l’aide.

L’enquête n’a pas permis de confirmer la grossesse. La femme n’était pas enceinte le soir de la prétendue agression, ont constaté les médecins. Walter Bär n’exclut toutefois pas qu’elle ait pu l’être auparavant.

Cas semblable à Paris

La jeune Brésilienne, toujours hospitalisée, ne serait pas la première à s’être mutilée et à prétendre être victime d’une agression à caractère xénophobe. L’affaire rappelle le cas d’une autre jeune femme qui avait affirmé avoir été victime d’une attaque antisémite en été 2004 dans un train à Paris.

On l’avait retrouvée avec un t-shirt déchiré et une croix gammée peinte sur le ventre. La femme de 23 ans avait aussi déclaré que les agresseurs avaient renversé le landau de son enfant de 13 mois.

La police zurichoise avait décidé de ne pas informer tout de suite le public sur le cas de la jeune Brésilienne, car trop d’éléments restaient peu clairs. Mais des photos des blessures sont parues dans des médias de son pays. Ces derniers ont prétendu que la femme avait été victime d’une attaque néonazie et ont reproché à la police d’avoir mal travaillé.

«La Suisse est sûre»

C’est pourquoi la police a organisé une conférence de presse vendredi à Zurich. Celle-ci était à plusieurs égards exceptionnelle. Les propos des intervenants ont été traduits simultanément et mot à mot en portugais pour les médias brésiliens présents.

La responsable municipale de la police, Esther Maurer, y a par ailleurs pris la parole pour défendre le travail des enquêteurs et tenter de corriger la mauvaise image que le cas a donné de la ville à l’étranger. «Je regrette qu’on ait pu avoir l’impression qu’il règne un climat xénophobe en Suisse.»

Les Zurichois et les Suisses sont tolérants, a déclaré l’élue socialiste. «Notre pays est sûr pour les étrangers comme pour les Suisses. Tous les Brésiliens et les Brésiliennes sont cordialement bienvenus chez nous».

swissinfo avec les agences

Médias. Cette affaire a provoqué une vive émotion au brésil où le cas est à la une des principaux médias.

Enquête. Le Brésil, par la voix du ministre des Affaires étrangères Celso Amorim, a formellement demandé à la Suisse une enquête «complète et transparente». Le chargé d’affaires de l’ambassade suisse a été convoqué au ministère.

ONU. Le gouvernement brésilien a fait savoir qu’il pourrait porter l’affaire devant le Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme.

Enquête. Quant au père de la présumée victime, qui a révélé l’affaire aux médias brésiliens, il ne satisfait pas des informations fournies par l’enquête. «La police doit arrêter de détourner l’attention», a-t-il déclaré au journal O Estado de S. Paulo.

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